Vincent Lindon est un habitué du Festival de Cannes et ce dernier le lui rend bien : il a remporté un prix d'interprétation pour La Loi du marché en 2015, le film dont il est le héros, Titane, a décroché la Palme d'or en 2021 et il a tenu le rôle de président du jury en 2022. Pour cette 77e édition qui démarre ce mardi 14 mai 2024, l'acteur de 64 ans a moins de pression sur ses épaules toutefois puisqu'il monte les marches pour l'ouverture avec le film de Quentin Dupieux, Le Deuxième acte, présenté hors compétition. Le Figaro l'a rencontré aux prémices de la manifestation cinématographique, et il offre, comme il sait si bien le faire, un entretien en toute sincérité avec aucun sujet tabou.
Vincent Lindon est en effet un artiste au franc-parler bien connu et il en use pour aborder des sujets délicats comme les accusations d'agressions sexuelles dans le milieu du cinéma mais aussi pour des questions plus intimes, à savoir ses tics. Au Figaro, il explique ainsi ne pas avoir craint l'allusion à ses tics dans le film dont il est l'un des héros, Le Deuxième Acte : "Je m'en fous. J'ai dit vingt-cinq fois en interview que j'ai des tics. Si quelqu'un me propose d'enlever mes tics dans la minute, je ne suis pas d'accord. C'est moi. C'est ma béquille."
Heureux compagnon de Cécile Duffau ainsi que papa de Marcel et Suzanne - la mère de cette dernière n'est autre que son ex-femme Sandrine Kiberlain -, Vincent Lindon est passé par plusieurs phases par rapport à ses tics : "Les tics, c'est à vie. J'ai appris à vivre avec. Et avec les gens autour de moi. Au début, à l'école, on se moquait de moi. Après, il y a eu le stade, pas désagréable, autour de la vingtaine : 'Tiens, il est différent des autres.' Et encore après : 'C'est quand même charmant.' Puis : 'Tu sais quoi, Vincent, je ne les vois même plus.' Ceux qui me côtoient beaucoup, mais même les autres, puisque je suis dans le paysage depuis un moment. Dupieux met ça dans le scénario ? Allez, zou ! Je me voyais mal lui demander de supprimer la réplique. Il m'aurait dit : 'Si tu veux...' Je serais rentré chez moi et je me serais senti ridicule."
Des tics qui disparaissent dès que les caméras s'allument. En 1987 et au festival de Cannes d'ailleurs, il avait déjà abordé son trouble devant une journaliste, Régine Magné : "Vous faites allusion à ma nervosité ? C'est vrai que quand j'entends le mot 'moteur', j'oublie toutes mes angoisses, mes tics, mes nervosités. Donc si on pouvait me crier moteur un peu plus souvent..."
L'origine de ses tics remontent à l'enfance. C'est après la séparation de ses parents, alors qu'il n'a que 5 ans, que Vincent tombe dans un profond mal-être. "Ce sont des tics affectifs. D'après ce que j'ai compris, les tics sont arrivés au moment où ses parents se sont séparés" expliquaient ses amis interrogés dans le cadre de l'émission de France 2 Un jour un destin.