Pour beaucoup de festivaliers, Le Fils de Saul est le choc de cette 68e édition. Ce long métrage présenté le 15 mai au Festival de Cannes et en lice pour la Palme d'or n'a laissé personne indifférent avec son regard sur la Shoah. Le Hongrois László Nemes nous plonge dans la "solution finale" et va jusqu'à reconstituer cet enfer : l'atmosphère visuelle et sonore vécue par un membre des Sonderkommando pendant l'extermination systématique des Juifs dans les chambres à gaz. Parmi les réactions, certains sont abasourdis, d'autres disent qu'il a été courageux de s'attaquer à cela.
László Nemes, né en 1977 en Hongrie, mais qui travaille depuis ses études à Paris entre les deux pays, a mis cinq ans pour réaliser ce film qui lui tient à coeur pour des raisons personnelles, une partie de sa famille ayant été assassinée à Auschwitz, ainsi que le rapporte le site de RFI : "Cela ressemblait à un trou noir, creusé au milieu de nous... Il s'est agi pour moi de rétablir un lien avec cette histoire." Pour le scénario, il a collaboré avec l'écrivain Clara Royer (Csillag). Devant la caméra : Geza Rohrig, Urs Rechn, Todd Charmont et Molnar Levente.
Pour Allociné, le cinéaste s'était penché sur la question de la mise en scène de l'horreur : "On ne voulait pas faire un film beau. Il fallait rester au plus près de Saul, d'où cette caméra à l'épaule et l'utilisation d'un objectif quasi unique. Il fallait faire le film le plus simple possible. Souvent les films sur la Shoah peuvent se révéler esthétisants. Il a fallu faire attention à ne pas être amoureux de nous-mêmes et de nos images." Un sujet qui fait débat : "C'est Gravity à Auschwitz. La comparaison n'a rien de hasardeux. Les deux films sont des survivals scotchés aux basques d'un individu perdu dans le chaos, s'arrimant à tout ce qui peut l'empêcher de sombrer dans les limbes de la folie ou du désespoir", écrit L'Obs, tandis que Télérama parle de "fiction impossible".