En 1977, âgée de 20 ans à peine, Caroline Kennedy, fille de John Fitzgerald Kennedy et de son épouse Jackie, entrait au New York Daily News pour un stage d'été. Un temps tentée de devenir photo-reporter, cette expérience l'en dissuadera : assise sur un banc pendant deux heures sans qu'on lui dise bonjour à son arrivée, puis réduite à faire le café, à changer les rubans des machines à écrire et à transmettre les messages pour 156 dollars la semaine (soit un peu plus de 600 dollars dans le monde actuel), elle comprendra que sa vocation est compromise... Impossible de vivre de l'observation des autres si les autres passent leur temps à la regarder. "Tout le monde avait trop peur" de cette jeune femme au nom imposant, a confié l'une des salariées de l'époque.
Des années après, alors qu'elle occupe désormais, après un brillant parcours d'avocate, d'auteure et d'activiste, le poste d'ambassadrice des États-Unis au Japon, c'est au tour de sa fille Tatiana de jouer les stagiaires d'été d'un grand quotidien new-yorkais. Le Washington Post a révélé que Tatiana Schlossberg, deuxième des trois enfants (avec Rose, l'aînée, et John, le benjamin) de Caroline Kennedy et de son mari Edwin Arthur Schlossberg, qu'elle rencontra au Met et épousa en 1986, a décroché un job d'été au prestigieux New York Times. Une porte-parole du journal a tenu à souligner que la jeune femme avait été "recrutée comme n'importe quel autre stagiaire".
La petite-fille de JFK bénéficie en tout cas d'un tout autre traitement que celui que connut sa mère, seule survivante des enfants du président assassiné : après avoir pu exercer sa plume au Yale Herald en 2010-2011, dans la rubrique culture et divertissement, et au Bergen Record en 2012-2013, aux faits divers et affaires criminelles, Tatiana Schlossberg s'est récemment vu confier par le New York Times la couverture du règlement du procès intenté à l'automne dernier à l'Université du Connecticut par cinq de ses anciennes étudiantes. Victimes de viols et d'agressions sexuelles lors de leurs années sur le campus, elles ont accusé la faculté d'avoir failli à assurer leur sécurité et d'avoir fermé les yeux. L'affaire s'est soldée par un arrangement à hauteur d'1,28 million de dollars. L'article de Tatiana a été publié le 18 juillet.
Autre différence notable entre la jeune femme bien née et sa mère : la stagiaire de 2014, qui effectue un des stages estivaux de dix semaines s'adressant chaque année aux jeunes diplômés, perçoit 1 000 dollars par semaine. Cela étant, avec une maman dont la fortune est estimée entre 67 et 278 millions de dollars (patrimoine familial, fonctions publiques, affaires dans diverses villes d'Amérique et holdings aux îles Caïmans), elle n'a pas de souci à se faire.
À noter que, pour l'un de ses articles pour le Yale Herald, Tatiana Schlossberg s'était intéressée - d'une manière un peu approximative et détendue - à des mots français souvent mal utilisés par les Américains, tels que "buffet", "risqué", "après-ski", "corsage" ou encore "au natural" (sic).