"Le tennis m'a sauvé". C'est derrière ce titre choc que Cédric Pioline, star de la balle jaune dans les années 90, a choisi de lever le voile sur sa part d'ombre dans un livre. Son enfance difficile, le divorce de ses parents, son conflit avec une mère autoritaire... l'ex-champion bien sous tout rapport livre ses quatre vérités, comme il le racontait il y a quelques semaines dans L'Equipe Mag. Ce qui n'a pas vraiment plus à sa mère Adriana, qui vient de publier un droit de réponse amer dans les pages du magazine ce week-end...
Une mère blessée
C'est une femme "blessée" qui vient d'adresser un courrier à L'Equipe Magazine. Décrite comme "autoritaire" par son fils Cédric Pioline dans l'édition du 26 avril, Adriana se dit aujourd'hui "salie publiquement" et elle contre-attaque point par point. Alors que l'ex-star tricolore évoquait son enfance agitée près de Pigalle, "fausses Santiags" aux pieds et blouson en skaï sur le dos, elle réfute l'avoir laissé livré à lui-même. "C'est vrai, je ne pouvais pas payer à mes enfants le 16e arrondissement, ni des blousons de cuir, ni des vraies "Santiags", mais des millions d'enfants sont dans ce cas", écrit-elle.
Ancienne membre de l'équipe roumaine de volley ayant fui le régime de Ceausescu, Adriana se sent obligée de justifier son envie, partagée avec son fils, de faire de Cédric Pioline un champion. "Le sport m'avait offert la liberté, j'ai voulu que mes enfants aient aussi une éducation sportive, d'autant que Cédric n'était manifestement pas destiné à faire de grandes études", explique-t-elle à propos de son fils qui racontait être passé de bon élève à cancre au divorce de ses parents, vers 11-12 ans. "C'est facile de me décrire comme autoritaire de façon péjorative, mais il est difficile d'empêcher un garçon de gâcher ses chances", ajoute-t-elle.
Adriana évoque alors tout ce qu'elle a mis en oeuvre pour Cédric Pioline, dont elle a accompagné la progression au plus près durant son adolescence, s'occupant de ses équipements, entraînements, déplacements et lui offrant le "meilleur suivi médical" pour les jambes du jeune homme qui, à la suite d'un accident, en avait une plus courte que l'autre de 2 centimètres. Raison pour laquelle elle pense que "les mamans qui accompagnent un enfant vers le haut niveau d'un sport", la "comprendront".
Si c'était à refaire...
C'est là qu'elle envoie un premier vrai smash à son fils Cédric Pioline. "Elles méritent que je ne laisse pas passer l'ingratitude de mon fils, auquel j'ai pu offrir, ne lui en déplaise, une vie d'enfant gâté, lâche-t-elle. Je suis peinée d'avoir lu votre article, mais surtout triste pour lui, s'il n'a rien de mieux à offrir comme exemple à ses enfants que de salir sa famille, enchaîne-t-elle avant de conclure en affirmant qu'elle recommencerait "si c'était à refaire".
Une réaction cinglante alors que Cédric Pioline s'était plutôt montré mesuré lors de ses interviews. Dans L'Equipe Magazine, l'ancien tennisman de 44 ans avait ainsi décrit ses rapports avec sa mère, à qui il n'a pas parlé pendant trois ans, "explosifs et violents". "Ma mère a un caractère très fort, et moi, de même. Nous étions sous le même toit, constamment en opposition", racontait le consultant télé. Il évoquait quelques lignes plus loin le "côté autoritaire" de sa mère en plus du manque de dialogue avec son père. "C'était dur de se construire", disait-il. Cédric Pioline assurait également vouloir "dire merci" à ses parents avec ce livre. Pas sûr que sa maman l'ait compris ainsi...
Cédric Pioline (avec Christophe Thoreau), Le tennis m'a sauvé, Ed. de La Martinière, 256 pages, 18 euros. Déjà disponible.