Luiz Inácio Lula da Silva, dit Lula, quittera la présidence du Brésil dans quelques heures. Sa dernière décision suscite l'indignation de l'Italie. Elle concerne son refus d'extrader l'écrivain Cesare Battisti.
Dans un communiqué officiel, son ministre des Affaires étrangères, Celso Amorin a déclaré : "Le président de la République a pris aujourd'hui (vendredi) la décision de ne pas extrader le citoyen italien Cesare Battisti, sur la base d'un rapport du procureur général" du Brésil. Il souligne que "cette décision ne représente pas un affront envers un autre Etat". L'Italie a réagi immédiatement par le biais de son ministre de la Défense, Ignazio La Russa : "Les pires prévisions se sont avérées", mais l'Italie "tentera absolument tout" afin que le Brésil "revienne sur cette décision injuste et gravement offensante". L'Italie rappelle pour consultation son ambassadeur au Brésil.
L'année dernière, la presse italienne s'était déchaînée contre Carla Bruni, l'accusant d'avoir plaidé la cause de Battisti lors d'une visite officielle de Nicolas Sarkozy au Brésil. La première dame s'en était défendue à la télévision italienne. Si l'opinion italienne s'était promptement acharnée sur Carla Bruni, c'est parce qu'avec sa soeur Valeria, elles avaient publiquement apporté leur soutien à l'ex-membre des Brigades rouges Marina Petrella. Nicolas Sarkozy avait finalement refusé de l'extrader pour raisons de santé. Les destins de Petrella et Battisti sont assez similaires.
Cesare Battisti est un ancien activiste (terroriste) des Prolétaires armés pour le communisme (Proletari Armati per il Comunismo), condamné en 1988 par contumace (il s'était enfui au Mexique) à la prison à perpétuité. Il s'était réfugié en France en 1990. Battisti avait alors entamé une carrière d'écrivain.
Mais, en 2004, la France se prépare à céder face à l'insistance des autorités italiennes : d'où la fuite de l'intéressé, alors sous contrôle judiciaire et soutenu par un comité de protestation composé surtout de personnalités de gauche (Fred Vargas en tête, [people_restrictif=2056]Bernard-Henri Lévy[/people], Guy Bedos, l'abbé Pierre, Bertrand Delanoë), pour le Brésil, où il est arrêté le 18 mars 2007. Comme son homologue français, le gouvernement brésilien était jusqu'alors divisé sur son cas.
Cesare Battisti, 56 ans, s'est toujours déclaré innocent des crimes dont il est accusé.
La dernière décision du président Lula fait donc des vagues sur la scène internationale. Il n'en demeure pas moins qu'il quitte la présidence du Brésil avec le score exceptionnel de 80% d'opinions favorables (on en connaît un qui doit être jaloux). Demain, Lula laissera place à Dilma Rousseff, son ancienne chef de cabinet, élue le 31 octobre 2010.
A.D.