Le règne de Christine Ockrent est-il terminé ? C'est la question à laquelle le journaliste de L'Express Renaud Revel tâche de répondre sur Immédias, son blog. Dans ce portrait à charge, intitulé "fin de reine", il se souvient du départ d'Ockrent après 17 mois à la tête de L'Express, en mars 1996. Un départ qui faisait suite à 17 mois de crise et... qui se fera sans pot de départ !
Revel étaye de nombreux témoignages dressant la personnalité "ambivalente" de la journaliste, aujourd'hui en fâcheuse position. Numéro 2 de l'Audiovisuel extérieur de la France (qui chapote France 24, RFI et TV5 Monde), Christine Ockrent est en conflit avec le PDG Alain de Pouzilhac. À cette guerre des chefs, s'ajoute une très compliquée affaire d'espionnage pour laquelle la justice vient d'être saisie.
"Un mépris déconcertant..."
L'ancien directeur de l'information de TF1, Robert Namias, se souvient de l'arrivée de Christine Ockrent sur la chaîne il y a 30 ans : "Les pieds sur la table, un cigarillo vissé entre les lèvres et étrangement auréolée de ses quelques mois passés à CBS, aux Etats-Unis, où à l'entendre elle était l'égale de cette immense vedette qu'était Walter Cronkite, elle affichait à l'égard des autres un mépris déconcertant. Son regard semblait dire que tous nos cerveaux réunis, c'est à dire ceux d'une génération où se côtoyaient Etienne Mougeotte, Gérard Carreyrou, Charles Villeneuve, Ivan Levai et bien d'autres, dont ma personne, n'arrivaient pas à la moitié du sien. 30 ans plus tard, elle le paye."
En 1987, elle est limogée de la chaîne. Son ancien PDG, Patrick Le Lay raconte : "Nous étions tous les deux dans un ascenseur au siège de la chaîne. En sortant, je lui ai dit, 'Vous voyez la porte là-bas, Christine, vous avez cinq minutes pour la prendre'. 'Que voulez-vous dire par là, Patrick?', m'avait-elle répliquée, interloquée. 'Que je ne veux plus jamais vous revoir ici!'" On lui reprochait alors de "s'être répandu dans Paris sur la chaîne de Francis Bouygues", écrit Renaud Revel.
"D'une vanité illimitée..."
Christian Dauriac, ancien directeur de l'information de France 2 quand elle y présentait France Europe Express, en 1999, dresse le même portrait peu flatteur de la journaliste : "D'une vanité illimitée elle a toujours considéré que l'information était faite pour rentrer au chausse-pied dans une maquette de journal, dont elle était la pièce principale. Du tout-à-l'ego (...) Il y a beaucoup d'insécurité chez elle, qui pallie ses angoisses en s'entourant d'un premier cercle composé de chaouchs [serviteurs, ndr]. Je dirais d'Ockrent qu'elle est d'abord victime d'elle-même."
Suite à un long conflit avec Alain de Pouzilhac, Christine Ockrent est aujourd'hui sur la sellette. Jeudi dernier, lors du conseil d'administration de l'AEF le sort de la reine Christine, stoïque, n'a pas été réglé. Les syndicats de France 24 n'ont donc pas obtenu ce qu'ils souhaitaient... son départ ! Ils envisagent donc de lancer un nouveau prévis de grève illimité. L'Élysée va devoir trancher prochainement. Lors de son éviction du gouvernement, le compagnon d'Ockrent, [people_restrictif=1847]Bernard Kouchner[/people], aurait demandé à Nicolas Sarkozy de "protéger Christine". D'après Renaud Revel, cette demande resterait lettre morte, le chef de l'état ne souhaitant plus venir en aide au couple. Il aurait même confié à leur propos : "Je les ai suffisamment gavés !"
Quand Christine Ockrent partira-t-elle de l'AEF ? Entraînera-t-elle Alain de Pouzilhac dans sa chute comme certains l'entendent ? Ce mercredi 26 janvier, plutôt que d'assister au conseil d'administraton de TV5, elle a préféré se rendre à Davos, comme tous les ans, où Nicolas Sakorzy est anoncé. Tentera-t-elle d'y plaider sa cause ? Rappelons qu'elle accompagnait le couple présidentiel en Inde, elle n'a pas sauvé sa tête pour autant.
Selon le Canard Enchaîné, la reine Christine négocierait son départ pour 1,5 million d'euros... Si elle doit rendre sa couronne, ce petit pécule aurait de quoi la consoler.