Opération séduction en Inde ! Trois ans après une première visite éclair qui avait laissé de sérieuses traces de mécontentements du côté de l'opinion et des officiels indiens, en raison d'une certaine désinvolture (retard, envois intempestifs de SMS, etc.) qui ne surprendra personne, Nicolas Sarkozy a atterri samedi en Inde et va tenter de se racheter... tout en jouant les VRP.
Aussi a-t-il mis tous les atouts de son côté, emportant à bord d'Air Sarko One, son A 330 flambant neuf et suréquipé - mais sans baignoire, ni four à pizza ! -, une délégation propre à encourager les hôtes, dirigeants d'une des principales locomotives économiques mondiales (9% de croissance en 2010), à signer de juteux contrats avec la France. Délégation où figurent la ministre de l'Economie Christine Lagarde et la ministre des Affaires Etrangères Michèle Alliot-Marie (mais aussi... Christine Ockrent, qui se voit là offrir une bouffée d'air alors qu'elle est empêtrée dans une affaire d'espionnage et de piratage), et à la tête de laquelle on trouve bien entendu son épouse, Carla Bruni-Sarkozy.
Selon Le Parisien, la Première dame ne serait d'ailleurs pas pour rien dans l'organisation d'une visite, cette fois-ci, plus respectueuse : "Carla, qui est cette fois du voyage à la demande pressante du Premier ministre Manmohan Singh, a fait pression sur la cellule diplomatique de l'Elysée pour éviter une nouvelle visite express", écrit samedi le quotidien. Le JDD, de son côté, a noté l'avertissement adressé à Nicolas Sarkozy par le quotidien The Hindu : "Tous les yeux seront rivés sur lui."
Résultat de l'insistance supposée de Carlita, la visite officielle durera cette fois quatre jours et trois nuits, passant par Bangalore (leader technologique), où la délégation française a débarqué, Agra (site du Taj Mahal), New Delhi (capitale politique, un passage obligé) et Bombay (mégalopole affairiste). Ce qui laisse la place pour un peu de tourisme, et même un peu de... romantisme : la visite du Taj Mahal, que Nicolas Sarkozy avait expédiée en solo dans le passé, est au programme, avec plusieurs heures pour en profiter ; la cité impériale de Fatehpur Sikri est également sur leur road-map. Ainsi qu'une nuit au palace Oberoi d'Agra, avec "vue plongeante sur le Monument de l'amour". De quoi être dans les meilleures conditions pour bosser fructueusement.
Précisément, chacun sa mission. Tandis que Nicolas Sarkozy, dont la visite a lieu entre celles de Barack Obama et de Dmitri Medvedev, essaiera lui aussi de décrocher des contrats mirobolants (notamment celui, évalué à 7 milliards d'euros, concernant la fourniture par Areva de deux réacteurs nucléaires) dans des domaines clés (la défense, le nucléaire civil), Carla Bruni-Sarkozy poursuivra notamment sur la lancée de ses actions lors de la Journée mondiale contre le sida, le 1er décembre. L'ambassadrice du Fonds mondial de la lutte contre le sida visitera lundi un hôpital de New Delhi et un orphelinats pour enfants atteints du sida.
A noter par ailleurs que, selon la rubrique "couloirs" du Parisien de samedi, elle aurait par ailleurs l'intention d'annoncer prochainement "un programme de lutte contre l'illettrisme", dans le cadre de sa fondation. Une fondation qui recevra dans quelques jours une belle contribution : les recettes issues de la vente aux enchères de 39 objets iconiques conçus pour les trente ans de Madame Figaro, vente chez Artcurial animée par Jean-Paul Gaultier et le metteur en scène Jean-Paul Scarpitta, lui seront reversées.
Carla Bruni, qui est apparue rayonnante sur le tarmac de Bangalore dans une tenue couleur pêche, puis studieuse en noir lors d'une conférence à l'Isro Satellite Center, est accompagnée par sa mère Marisa - qui est à peine remise d'une vilaine chute dans Paris et qui boîte légérement - ainsi que sa grande amie Farida Khelfa.