L'attendu conseil d'administration de l'Audiovisuel extérieur de la France (qui chapeaute France 24, RFI et TV5 Monde) s'est tenu jeudi dans une ambiance à couper au couteau. Dans l'esprit de chacun, le conflit intestin entre le PDG Alain de Pouzilhac et la directrice générale adjointe, Christine Ockrent. Le tout sur fond de scandale d'espionnage au coeur duquel se trouve Candice Marchal, l'ancienne collaboratrice d'Ockrent, aujourd'hui licenciée pour faute grave.
Alors que Frédéric Mitterrand, ministre de la Culture (déjà appelé à apaiser les tensions entre les deux dirigeants de l'AEF), annonçait que ce conseil d'administration devait "sonner la fin de la récré" aucune décision n'a été prise quant au sort d'Ockrent. Au lieu ça, et malgré quelques escarmouches, le PDG a même soutenu (à la stupéfaction de beaucoup !) sa directrice générale : "Christine, je ne t'ai jamais accusé directement !". ajoutant même : "Si tu étais venue à mes voeux, tu aurais entendu que j'ai dit la même chose aux salariés." Il a également précisé que les accusations de piratage informatique ne concernaient que "la structure holding et non la chaîne France24".
Selon Le Figaro, les débats ont plutôt concerné la fusion de France 24 et RFI et les "membres du conseil se sont inquiétés de l'absence de signature du contrat d'objectifs et de moyens pour fixer la stratégie jusqu'en 2013". Les représentants de l'État ont promis "un règlement rapide".
Quid du conflit Ockrent/Pouzilhac ? Alors que les syndicats, les rédactions et les directeurs de France 24 ont désavoué Christine Ockrent tout en soutenant massivement Alain de Pouzilhac, il va falloir encore attendre pour connaître le sort de chacun. Alain de Pouzilhac a annoncé hier au conseil d'administration que l'AEF s'était porté partie civile dans l'affaire d'espionnage. Cette procédure va déclencher la saisine d'un juge d'instruction. Ce dernier accèdera automatiquement à toutes les pièces du dossier et pourrait demander de nouvelles investigations et décider (?) d'éventuelles mses en examen...
De son côté, Candice Marshal, la collaboratrice au coeur du scandale a déjà affirmé son intention de porter plainte, se disant victime collatérale du conflit Poulzilhac/Ockrent. Elle souhaite également saisir le conseil des prud'hommes pour protester contre son licenciement.
D'après le JDD du 16 janvier 2011, le président de la République souhaiterait privilégier les résultats de l'enquête du juge d'instruction avant d'établir une sanction. L'Élysée hésiterait entre un limogeage d'Ockrent et un départ conjoint d'Ockrent et Pouzilhac. Dans cette hypothèse, un successeur semble avoir été déjà trouvé en la personne de Jean-Christophe Ruffin (écrivain, académicien et ancien ambassadeur du Sénégal). Mais pour le journaliste du Point, Emmanuel Berretta, l'Élysée trancherait "dans les prochains jours" et préconiserait une "solution amiable", afin de redorer le blason de l'AEF.
Il n'empêche que l'attitude d'Alain de Pouzilhac vis à vis d'Ockrent a été différemment interprétée... A-t-il reçu des "ordres" du château ??