Christophe Leroy en aurait-il eu marre d'attendre que les restaurants ouvrent de nouveau pour pratiquer son métier ? Un reportage de M6, en date du 2 avril 2021, révélait que des dîners clandestins se tenaient dans Paris et, très vite, il était apparu que le chef participait à ces événements en pleine pandémie. Alors que son domicile a été perquisitionné mercredi 7, il a finalement réagi à la polémique. Il faut dire que, par dessus le marché, un flou persiste quant à la présence supposée d'un ou plusieurs membres du gouvernement à des dîners de la sorte.
Comme le rapporte BFMTV ce 8 avril, l'avocat de Christophe Leroy a diffusé un communiqué de presse dans lequel il dénonce un "mauvais procès" et un "acharnement médiatique" contre son client. Il assure au passage que le chef, largement moqué sur les réseaux sociaux pour le dressage de ses plats facturés une fortune, a lui-même pris contact avec les autorités judiciaires pour "indiquer qu'il se tenait à leur disposition". Il faut dire que face au tollé du reportage de M6 et aux multiples déclarations de Pierre-Jean Chalençon - un proche de Christophe Leroy - l'affaire avait fini par faire réagir le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin, qui promettait des sanctions si l'enquête ouverte et confiée à la BRPD (brigade de répression de la délinquance contre la personne) des chefs de mise en danger de la vie d'autrui et travail dissimulé venait à prouver leur culpabilité.
Des enquêteurs se sont donc présentés au domicile parisien de Christophe Leroy et ce dernier "a pu remettre un certain nombre de documents établissant que les prestations qu'il a effectuées l'ont été, comme la loi l'autorise, dans des domiciles privés et non pas dans des établissements recevant du public (ERP) de type restaurant", précise l'avocat. Le chef aurait donc reçu (et facturé ?) des convives pour des repas chez lui et dans des résidences privées mais pas ailleurs. Etaient-ils plus ou moins que six comme le recommande le gouvernement ? Il y avait-il du personnel embauché pour l'occasion ?
La veille, Pierre-Jean Chalençon avait fini par admettre qu'il avait reçu du monde au Palais Vivienne le 1er avril - M6 affirme qu'il y avait jusque 40 personnes, sans masques, sans distanciation et servis par du personnel -, et que ses convives avaient payé 220 euros un menu... de Christophe Leroy. Comme le souligne France Info, l'enquête devra déterminer si cette résidence privée parfois utilisée à des fins commerciales pour des réceptions est oui ou non considérée comme ERP. "Le dîner entre amis peut cependant devenir un 'dîner clandestin' s'il est question d'une activité commerciale, avec des entrées ou repas payants pour les convives et un travail dissimulé pour le personnel", ne manque pas de préciser le site.
L'autre point polémique quant à ces dîners repose sur la présence supposée d'au moins un membre du gouvernement. M6 a martelé à plusieurs reprises qu'il y avait bien un membre présent, alors que Pierre-Jean Chalençon - qui avait lui-même dit avoir dîné dans des restaurants clandestins en leur présence - a affirmé qu'il avait fait de l'humour et que ce n'était pas le cas. Même son de cloche du côté de l'avocat de Christophe Leroy. "En tout état de cause et contrairement à ce qui a été affirmé de manière peu professionnelle aucun membre du gouvernement n'a participé aux repas. Ces journalistes intrépides s'honoreraient en reconnaissant qu'ils se sont trompés", dit-il.
Pourtant, dans l'émission Touche pas à mon poste du 7 avril, un serveur ayant travaillé lors d'une soirée au Palais Vivienne a apporté son témoignage. Il a confirmé les informations de M6 quant au nombre de convives et au fait qu'ils avaient bel et bien payé pour dîner. Il a reconnu avoir servi un animateur connu ainsi qu'un chroniqueur en activité ; rien d'étonnant, Séverine Ferrer a elle-même relaté avoir été invitée à de tels dîners tout en ayant refusé d'y participer.
Mais ce n'est pas tout ! "On nous a dit : 'Attention à cette table-là, c'est un homme politique. Donc faites attention à la manière de servir, de parler'", a ajouté le serveur. Il a précisé que c'était un ministre en activité et aux cheveux gris. Alors que l'animateur Cyril Hanouna lui a présenté un trombinoscope, le serveur a été incapable - ou peut-être n'osait-il rien dire - de reconnaître la personne présente à la soirée. Pas de quoi décourager l'animateur qui a promis de continuer l'enquête...