Le président du Centre national du cinéma (CNC), Dominique Boutonnat, a été condamné ce vendredi 28 juin par le tribunal correctionnel de Nanterre à trois ans de prison dont un an ferme pour avoir agressé sexuellement son filleul en août 2020, décision à la suite de laquelle il a annoncé sa démission. Dans son jugement, le tribunal a considéré la "version du plaignant plus crédible" que celle du patron du CNC, qui a exercé toujours selon cette instance "un véritable ascendant" sur son filleul. Dominique Boutonnat a également écopé d'une interdiction de contact pendant trois ans avec la victime.
Dans un courriel envoyé par le secrétariat de la présidence du CNC juste après le jugement, Dominique Boutonnat a tenu "à réaffirmer son innocence quant aux faits qui (lui) sont imputés" et a annoncé interjeter appel de cette décision et démissionner dans le même temps du puissant Centre. L'intérim de la présidence a été confié à son directeur général délégué, Olivier Henrard.
"Cette affaire est la parfaite démonstration de ce qu'est une agression sexuelle", a estimé pour sa part Me Caroline Toby, avocate de la victime. "L'abus d'autorité et la notion d'emprise ont été reconnus par la justice", a-t-elle encore réagi. Lors de l'audience du 14 juin, le parquet avait requis trois ans d'emprisonnement avec sursis contre Dominique Boutonnat, 54 ans. "On est allé très près de quelque chose qui aurait été criminel", avait estimé le procureur. Devant le tribunal, le jeune homme avait décrit M. Boutonnat, avec qui il n'a pas de lien de parenté, comme "plus qu'un parrain", qui venait trois à quatre fois par semaine au domicile de ses parents.
Selon lui, lors d'un séjour dans la maison de campagne de son parrain en Grèce, ce dernier a tenté de le masturber, après un bain nus dans une piscine, et il l'a ensuite masturbé pour qu'il arrête de le toucher. "Je le regarde pour retrouver un peu mon parrain et c'est là que je vois quelqu'un de tout à fait différent dans ses yeux, (...) c'est quelqu'un en train de m'utiliser pour se masturber", a-t-il expliqué.
Pour sa part, le président du CNC avait nié toute agression sexuelle : il avait toutefois reconnu des baisers mais consentis et initiés par son filleul, et qu'il avait brièvement embrassé le jeune homme sur la bouche le lendemain, alors que ce dernier sortait de la salle de bain, pour dédramatiser la situation. Malgré sa mise en examen en février 2021, Dominique Boutonnat avait été reconduit par l'exécutif à son poste à la tête du CNC en juillet 2022. La CGT-spectacle avait appelé à sa démission en octobre 2022, et le collectif 50/50, qui milite pour l'égalité, la parité et la diversité dans l'industrie cinématographique et audiovisuelle, avait déploré sa reconduction.