Du haut de ses 23 ans, à quelques mois de remplir trois Wembley Stadium à Londres, le phénomène Ed Sheeran se produisait au Bataclan, hier soir, jeudi 27 novembre. Dans le cadre intimiste de la salle parisienne, devant un public acquis à sa cause, le jeune Anglais a livré une prestation énergique. Deux heures de concert devant – essentiellement - des adolescents pleins d'entrain, et le tour est joué.
Concluant sa tournée européenne dans la capitale française – avant de revenir début 2015 pour une tournée des Zénith dont la date parisienne est déjà sold out –, Ed Sheeran n'a pas fait dans la demi-mesure. À nous de constater à quel point le garçon est adoré, voire adulé. S'il a écrit pour Taylor Swift ou les One Direction, composé pour la BO du dernier Hobbit (La Désolation de Smaug), Edward Christopher de son véritable prénom est avant tout un chanteur incontournable. Ses mélodies touchantes, ses textes bouleversants teintés d'expériences personnelles et d'élans romantiques, ont fait du jeune homme une star après seulement deux albums, dont le dernier, X, a été acclamé.
Mais outre sa sensibilité et ses textes écorchés, Ed Sheeran a d'autres arguments à faire valoir. Sorte d'antistar, parce qu'il n'incarne pas le cliché du chanteur sexy, le touchant rouquin aux tatouages multiples est en passe de devenir l'icône d'une nouvelle génération qui ne répond pas aux codes. Autodidacte, il a quitté l'école à 16 ans pour se lancer dans la musique. S'il évolue aujourd'hui au milieu des Passenger, Damien Rice, Ben Howard ou bien George Ezra – quelques exemples de chanteurs britanniques évoluant en solo, guitare sous le bras –, Ed Sheeran a su s'extirper de la mêlée et imposer son style.
Au Bataclan, débarquant à 20h pétantes, il nous fait comprendre pourquoi. Débutant par I'm a mess et enchaînant par Lego House, il fait hurler ses fans à la première note de guitare. Lorsque le bonhomme mixe Don't et Nina dans un même morceau à un rythme d'enfer, on comprend que le sujet du soir, véritable magicien, vaut le coup d'oeil. Le temps d'un concert condensé, où il passe d'une rythmée Bloodstream à la très calme et poétique One, et presque sans temps mort – même son rappel est extrêmement court –, Ed Sheeran revisite sa courte discographie, mais empile les tubes, du Thinking Out Loud (qu'il débute avec une reprise de Whitney Houston et son I Will Always Love You) à l'incontournable The A Team, en passant bien entendu par son hit Sing, qui vient conclure avec peps une soirée parfaite où les fans auront aussi été mis à contribution aux pieds d'un Ed Sheeran généreux dans l'effort.
Christopher Ramoné