Logiquement acclamée pour sa fantastique prestation dans le rôle titre du Carmen de Bizet, dans lequel elle remplaçait au pied levé Angela Gheorghiu auprès de son mari Roberto Alagna sur la scène du Met de New York en janvier dernier (DVD disponible), Elina Garanča se signale avec un projet plein de fougue dirigé par son mari à elle, le chef d'orchestre gibraltarien Karel Mark Chichon.
La mezzo-soprano lettonne, référence ultime de l'oeuvre mozartien, auquel elle a largement prêté sa voix puissante et ses talents de comédienne (sa première vocation), a publié en septembre Habanera, une collection ensorcelante d'airs qui lui permettent de se découvrir l'âme d'une gipsy ! Ne reculant devant aucun défi, la voici qui confirme avec flamme l'analyse édifiante que formulait le quotidien allemand Süddeutsche Zeitung à propos de sa Carmen plus vraie que nature : "Elina Garanča est longtemps passée pour une Nordique très réservée, mais sa Carmen ne correspond absolument pas à cette image : [...] elle a une sensualité naturelle et la façon dont elle sait attirer et roucouler avec sa voix n'a pas d'égale." Et Deutsche Grammophon, sa maison de disque, de résumer de manière éloquente : "Le feu sous la glace".
Subitement incendiaire en 2010, celle qui glana un Grammy pour sa performance dans le Bajazet de Vivaldi s'approprie tout un répertoire d'inspiration tzigane : des plus grands airs de Carmen (dont l'incontournable Habanera qui donne son titre à l'album), aux mélodies de Manuel de Falla, Elina Garanča interprète également des zarzuelas (le genre fétiche de Placido Domingo, dont elle a cultivé le goût grâce à son mari et aussi à son penchant naturel pour le "tempérament espagnol" - elle adore la flamenco) aussi bien que des airs d'opéras de Lehár ou Bernstein. A propos de la pièce de Candide, dudit Bernstein, qu'elle interprète, elle décrypte : "Je ne suis peut-être pas assez âgée pour dire cela, mais il n'y a pas d'âge pour s'amuser. Et comme je voulais chanter la comédie musicale avant de décider de devenir cantatrice d'opéra..."
Animée par une imagination et une force de représentation pleines de fougue, la flamboyante artiste de 34 ans s'enthousiasme : "Je crois que les tsiganes ignorent toujours les frontières et j'espère qu'avec cet album on se rendra compte que c'est également vrai pour les compositeurs et les chanteurs !"
Habanera, déjà disponible.
[1] Canción de Paloma: "Como nací en la calle de la Paloma" (Paloma) El barberillo de Lavapiés, Acte I / Francisco Asenjo Barbieri (1823–1894)
[2] Chanson (Séguedille) et Duo: "Près des remparts de Séville" (Carmen, Don José) Carmen, Acte I avec Roberto Alagna (Don José) / Georges Bizet (1838–1875)
[3] Lied und Csárdás: "Hör ich Zymbalklänge" (Jlona) Zigeunerliebe, Acte II / Franz Lehár (1870–1948)
[4] Aria: The Dream "I dreamt that I dwelt in marble halls" (Arline) arr. Karel Mark Chichon, The Bohemian Girl, Acte II / Michael William Balfe (1808–1870)
[5] Canción de cuna para dormir a un negrito Cinco canciones negras No. 4 / XAVIER MONTSALVATGE (1912–2002)
[6] Canción del amor dolido El amor brujo / MANUEL DE FALLA (1876–1946)
[7] Nana Siete canciones populares españolas No. 5; arr. pour guitare et voix José María Gallardo del Rey, guitare José María Gallardo del Rey/ MANUEL DE FALLA
[8] Vocalise en forme de Habanera orch. Arthur Hoérée / MAURICE RAVEL (1875–1935)
[9] Romanza: "Cuando está tan hondo"(Socorro) El barquillero / RUPERTO CHAPI Y LLORENTE (1851–1909)
[10] I am easily assimilated (Old Lady) Candide, Acte I / LEONARD BERNSTEIN (1918–1990)
[11] Canción del amor JOSÉ MARÍA GALLARDO DEL REY (*1958)
[12] Jota Siete canciones populares españolas No. 4; arr. pour guitare et voix José María Gallardo del Rey; guitare, José María Gallardo del Rey/ MANUEL DE FALLA
[13] Canción española: "De España vengo, ¡soy española!" (Concha) El niño judío / PABLO LUNA (1879–1942)
[14] Chanson: "Les tringles des sistres tintaient" (Carmen, Frasquita, Mercédès); Carmen, Acte II avec Cristina Antoaneta Pasariou (Frasquita) • Giuseppina Bridelli (Mercédès) / GEORGES BIZET (1838–1875)
[15] El vito Canciones clásicas españolas; orch. Juan Carlos Cuello / FERNANDO J. OBRADORS (1897–1945)
[16] Canción gitana: "A una gitana presiosa" (Dolores); La alegría del batallón / JOSE SERRANO (1873–1941)
[17] Havanaise: "L'amour est un oiseau rebelle" (Carmen, choeur) Version finale Carmen, Acte I / GEORGES BIZET (1838–1875)
[18] Air et Choeur: "L'amour est enfant de bohème" (Carmen, choeur) Première version Carmen, Acte I / GEORGES BIZET (1838–1875)