Dans quelques jours, le film d'Olivier Dahan Grace de Monaco fera l'ouverture hors compétition du 67e Festival de Cannes et sortira, le même jour, sur les écrans du monde entier. Ce film à la genèse mouvementée n'est pas du goût de la famille princière qui rappelle, dans un communiqué de presse cinglant, "que ce long métrage ne peut en aucun cas être qualifié de biopic". Albert de Monaco, Stéphanie et Caroline, les enfants de Grace Kelly, ne souhaitent en aucune manière être associés au projet. Une réaction jugée disproportionnée par le réalisateur.
À douze jours de l'ouverture du Festival et de la sortie sur les écrans du film porté par Tim Roth et Nicole Kidman, la famille princière publie ce communiqué : "Le palais princier tient à réaffirmer que ce long métrage ne peut en aucun cas être qualifié de biopic." Une précision qui convient à Olivier Dahan, lequel "revendique le droit de faire un film de fiction", dans une interview accordée au supplément magazine du Parisien. "Ce n'est pas un travail d'historien, mais d'artiste", insiste-t-il. Les Grimaldi, eux, ajoutent : "La bande-annonce fantaisiste confirme le caractère totalement fictionnel du film. Celle-ci renforce la conviction laissée lors de la lecture du scénario qu'il s'agit d'une production, d'une page de l'histoire de la Principauté, basée sur des références historiques erronées et littéraires douteuses. Le réalisateur et les producteurs avaient refusé de prendre en considération les très nombreuses observations formulées par le Palais qui auraient eu pour conséquence une remise en question globale du scénario et des personnages." Là encore, Dahan assume.
Un sujet délicat
De fait, aucun des membres de la famille n'assistera à la projection cannoise du 14 mai. "La famille princière ne souhaite en aucune manière être associée à ce film qui ne reflète aucune réalité et regrette que son Histoire ait fait l'objet d'un détournement à des fins purement commerciales." En janvier 2013, les Grimaldi avaient déjà fermement désavoué le film dont ils ont pu lire plusieurs versions du scénario. Olivier Dahan juge "disproportionnée " leur réaction, mais comprend : "Il s'agit de leurs parents. C'est un sujet délicat, voire douloureux. Mais leur réaction est un peu disproportionnée : je les invite à visionner le film quand ils le veulent. Ils verront qu'il n'y a rien de méchant. J'ai lu que nous avions refusé de le leur projeter, c'est faux !"
Grace de Monaco a connu un tournage mouvementé, notamment à cause d'une grogne sociale des techniciens, que Dahan a soutenue. La postproduction a connu ses propres péripéties en raison du distributeur américain, le tout-puissant Harvey Weinstein, qui a monté une version édulcorée du film contre l'avis du réalisateur : "Il s'est permis de 'refabriquer' mon oeuvre, raconte Olivier Dahan dans le Parisien magazine. (...) Ce conte de fées aseptisé ne me convenait pas. Mais aujourd'hui, il n'existe plus qu'une version : la mienne."
Le film d'Olivier Dahan s'intéresse à une période très particulière de la vie de Grace : en 1962, sur fond de crise politique et alors que son couple connaît des difficultés, Alfred Hitchcock lui propose de revenir à Hollywood pour y tourner Pas de printemps pour Marnie. Dilemme...