L'ancien ministre et président socialiste de l'Assemblée nationale, Henri Emmanuelli, est mort mardi 21 mars au matin à l'âge de 71 ans des suites d'une longue maladie, a annoncé sa famille à l'AFP. Né le 31 mai 1945, il était député du PS et président du conseil départemental des Landes, il avait également été le premier secrétaire du PS entre 1994 et 1995.
La veille de son décès, le site du quotidien Sud-Ouest annonçait que, souffrant d'une "double bronchite infectieuse" qu'il aurait contractée à son retour de Paris où il présidait le Comité d'investissement de la caisse des dépôts, Henri Emmanuelli ne pouvait présider la session de deux jours consacrée au budget du conseil départemental. Les médecins n'avaient pas donné l'autorisation de sortir au politique, qui souffrait par ailleurs de neuropathie.
C'est en 1971 que l'homme, formé à Sciences-Po Paris et issu d'un milieu populaire, orphelin de père très jeune, adhère au Parti socialiste. Élu pour la première fois député de la 3e circonscription des Landes qu'il fait basculer à gauche en 1978, il quitte son poste à la banque de Rothschild, puis arrive à la tête du conseil général des Landes quatre ans plus tard. Au sein du gouvernement de François Mitterrand, Henri Emmanuelli a été secrétaire d'État chargé des DOM-TOM et secrétaire d'État chargé du Budget.
Trésorier du PS en 1987, il avait présidé l'Assemblée nationale de 1992 à 1993 avant d'être brièvement premier secrétaire du PS entre 1994 et 1995. Il avait alors été battu par Lionel Jospin pour porter les couleurs socialistes à l'élection présidentielle de 1995.
Rattrapé par les affaires, Henri Emmanuelli avait été condamné en 1997 à deux ans de privation de ses droits civiques dans l'affaire Urba de financement illégal du PS en tant que trésorier du parti avant de retrouver en 2000 ses mandats de député et de président du conseil général des Landes.
Militant en 2005 pour le non au référendum sur le Traité constitutionnel européen, Henri Emmanuelli était un mitterrandien de toujours, hostile aux tendances sociales-libérales. La campagne du non amène l'éclatement de Nouveau Monde (un ancien courant du Parti socialiste français) et la recomposition de l'aile gauche du Parti socialiste. Alors que Jean-Luc Mélenchon se rapproche de Laurent Fabius en vue du congrès du Mans, Henri Emmanuelli a créé un nouveau courant : Alternative socialiste.
La disparition d'Henri Emmanuelli va mettre un temps de côté les tensions dans la famille socialiste pour s'accorder sur le legs politique en France de cette figure de la gauche. Alors qu'à l'été 2016, il souhaitait soutenir une nouvelle candidature de François Hollande, "la seule candidature légitime" selon lui, il apportera en janvier 2017 après la renonciation du chef d'État son soutien pour la primaire citoyenne à Benoît Hamon. Ce dernier, en déplacement à Bruxelles, a déclaré au micro des journalistes : "Il a été extrêmement important dans ce que je suis. Je lui dois beaucoup. Ça me bouleverse, voilà. C'était une forme d'âme soeur pour moi. Il était plus vieux que moi, mais comme une sorte de... un frère en politique." Par voie de communiqué également, Martine Aubry aura ces mots : "La France perd un homme d'État et la gauche, un immense militant."
Les hommages affluent sur Twitter, on remarquera notamment celui de Jean-Luc Mélenchon, l'un des premiers à avoir réagi : "Henri Emmanuelli nous quitte. La mer a emporté le rocher."
Une image revient aussi, celle d'un politique au caractère bien trempé avec la vidéo de son doigt d'honneur en 2011 en pleine Assemblée nationale tandis que François Fillon faisait un discours.