L'hommage pour le professeur Samuel Paty, sauvagement décapité par le terroriste islamiste Abdoullakh Anzorov, a eu lieu dans la Cour d'honneur de la Sorbonne le 21 octobre 2020. Cinq jours après le terrible meurtre qui a frappé la ville de Conflans-Sainte-Honorine, la nation toute entière a pu se recueillir et rendre hommage à ce professeur d'histoire-géographie assassiné pour avoir montré des caricatures du prophète Mahomet en classe.
Organisé dans ce "lieu symbolique de l'esprit des Lumières et de l'enseignement" comme le soulignait l'Elysée, cet hommage a été réalisé selon les souhaits de la famille Paty, reçue lundi à l'Elysée par le présidentEmmanuel Macron.
Porté par les gardes républicains, le cercueil de Samuel Paty a été accompagné par la musique One de U2. Une chanson et des paroles qui prennent tout leur sens et qui évoquent, avec tristesse, l'assassinat du professeur. "Il est trop tard ce soir, pour faire ressurgir le passé dans la lumière. Nous ne faisons qu'un, mais nous sommes différents, nous devons nous soutenir..."
Le fils de Samuel, tout juste âgé de 5 ans, a récemment reçu le statut de Pupille de la Nation a annoncé le ministre de l'éducation Jean-Michel Blanquer à l'Assemblée Nationale le 20 octobre. Pour rappel, ce statut est délivré en France aux moins de 21 ans qui ont perdu un de leur parent, ou qui a été blessé, lors d'opérations extérieures, d'une guerre ou d'un attentat.
Nous continuerons professeur
Après la remise de la Légion d'honneur à titre posthume à Samuel Paty et l'arrivée du cercueil porté par les gardes républicains, un ami proche du professeur, Christophe Capuano, a pu lire le texte Aux instituteurs et institutrices de Jean Jaurès. Quelques minutes plus tard, une enseignante a partagé un poème réalisé en l'honneur du professeur baptisé À Samuel. Très touchée par la mort du professeur, une élève a également souhaité faire une lecture très émouvante du texte Lettre de Camus à son instituteur. Des instants douloureux pour la famille de Samuel qui peine tant bien que mal à se remettre du drame qui a touché leur famille.
Dans son discours, Emmanuel Macron a souligné le savoir et le courage du professeur Samuel Paty "tombé parce qu'il avait fait le choix d'enseigner, assassiné parce qu'il avait décidé d'enseigner à ses élèves à devenir citoyens". Un homme qui "aimait les livres et le savoir plus que tout" et qui était un enseignant "humble", "bienveillant" et "soucieux de respecter toutes les religions". Un professeur "de ceux que l'on n'oublie pas".
Nous ne reculerons pas devant les caricatures et devant les fanatiques
"Faire des républicains était le combat de Samuel Paty" a ajouté le Chef de l'État avant d'ajouter "Oui, dans chaque école, dans chaque lycée nous redonnerons aux professeurs les moyens pour enseigner. (...) L'abus d'ignorance que certains tentent d'instaurer n'a pas sa place chez nous. Nous continuerons professeur à enseigner la liberté et la laïcité et nous ne reculerons pas devant les caricatures et devant les fanatiques" a ensuite indiqué Emmanuel Macron avant de conclure "Parce qu'en France les Lumières ne s'éteignent jamais. Vive la République, Vive la France".
La Marseillaise a ensuite résonné dans la Cour de la Sorbonne, chantée par le public, la famille et les personnalités politiques présentes. Après une minute de silence, le cercueil de Samuel Paty a finalement quitté l'université sous les notes de la Symphonie n°3 de Mozart interprétée par l'Orchestre à cordes de la Garde républicaine.