La sanction est tombée. Le tribunal correctionnel de Créteil a condamné vendredi 23 novembre 2018 le trompettiste franco-libanais Ibrahim Maalouf à quatre mois d'emprisonnement avec sursis pour une agression sexuelle sur une collégienne de 14 ans. L'artiste de 37 ans devra également verser une amende de 20 000 euros. Lors de l'audience début novembre, le procureur avait requis six mois d'emprisonnement avec sursis. Maalouf, qui était présent à l'énoncé de sa condamnation, a toujours nié toute agression sexuelle, plaidant le "dépit amoureux" d'une jeune fille qui n'aurait pas supporté d'être éconduite.
Durant le procès, deux versions s'étaient opposées : celle de la jeune femme, aujourd'hui âgée de 18 ans, qui avait raconté à la barre que le musicien l'avait embrassée une première fois un soir à la sortie d'un cinéma en 2013. Et celle du trompettiste de jazz qui soutient avoir repoussé ses avances : "Je lui ai pris les poignets, je me suis éloigné d'elle, sans la brusquer." Deux jours plus tard, selon la version de la plaignante, le musicien l'aurait à nouveau embrassée, cette fois dans son studio d'enregistrement d'Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne), où elle faisait un stage. Il l'aurait "attrapée par le bassin", mimant un acte sexuel. "Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses", avait-elle déclaré aux enquêteurs.
Selon le musicien lauréat de quatre Victoires de la musique et d'un César de la meilleure musique pour Dans les forêts de Sibérie, cette deuxième séquence n'a jamais eu lieu. "En aucun cas je n'ai eu d'attirance physique ou sexuelle" pour cette "adolescente", avait-il martelé, se sentant cependant "coupable" de "ne pas avoir su mettre des limites".
Les parents de la jeune fille avaient signalé les faits un an plus tard, après qu'elle s'était confiée à un médecin. Elle avait commencé à se scarifier et à avoir des troubles alimentaires, elle a depuis été hospitalisée plusieurs fois et a suivi plusieurs thérapies. Une enquête avait été ouverte dans la foulée, débouchant sur le placement en garde à vue en janvier 2017 d'Ibrahim Maalouf et suscitant un véritable scandale.
Je dois faire arrêter d'être sympa avec mes fans??
"Comment voulez-vous qu'une jeune fille dont l'état de santé s'est objectivement dégradé mente, pour rien, juste parce qu'elle aurait été vexée d'avoir été éconduite ?", s'était énervé le procureur dans ses réquisitions, alors que l'avocate d'Ibrahim Maalouf, Maud Sobel, avait parlé de "dépit amoureux" d'une jeune fille qui "aurait souhaité que cette transgression continue".
Sur Twitter, Ibrahim Maalouf s'est fendu d'un tweet qui pourrait bien faire couler de l'encre. "4 mois avec sursis pour un smack qu'une fan ado, folle amoureuse de moi me fait malgré la distance que j'ai imposée!
WTF ?? Je dois faire arrêter d'être sympa avec mes fans??", a-t-il déclaré, dépité.