Vendredi 9 novembre 2018, le parquet a requis contre Ibrahim Maalouf (37 ans) six mois de prison avec sursis dans l'affaire de l'agression sexuelle où il est impliqué, suite à la plainte d'une jeune femme aujourd'hui âgée de 18 ans, mais qui en avait 14 au moment des faits. Le trompettiste franco-libanais est jugé devant le tribunal de Créteil (Val-de-Marne) pour agression sexuelle.
C'est elle qui m'a embrassé
On reproche à Ibrahim Maalouf d'avoir embrassé une première fois la jeune fille prénommée Léa, un soir de 2013 à la sortie d'un cinéma, où il l'avait conviée à assister à la projection de La crème de la crème dont il avait fait la bande-son. Il faut dire qu'à l'époque, la demoiselle originaire de Sète était en stage de "découverte professionnelle de troisième" dans la société Mi'ster Production du musicien, à Ivry-sur-Seine. Un "baiser avec la langue" selon elle, un "bisou", selon Ibrahim Maalouf. Pour lui, c'est la jeune fille qui en était à l'origine. "Ce bisou n'est pas de mon initiative. C'est elle qui m'a embrassé. J'ai été très surpris, je lui ai pris les mains et je me suis automatiquement éloigné d'elle", a-t-il dit.
Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses
Deux jours après, un deuxième baiser a été échangé, cette fois-ci dans le studio d'enregistrement de l'artiste. Léa affirme que c'est encore Ibrahim Maalouf qui était à la manoeuvre et, surtout, elle ajoute qu'il l'aurait "attrapée par le bassin", mimant un acte sexuel. "Je sentais son sexe derrière moi sur mes fesses", avait-elle déclaré aux enquêteurs. Cette deuxième séquence n'a jamais existé, a pour sa part maintenu à la barre le trompettiste, lauréat de quatre Victoires de la Musique et d'un César de la Meilleure Musique de Film.
Ce n'est qu'en 2014 que les parents de la jeune fille, après avoir investigué notamment dans le téléphone portable de Léa - où la maman dit avoir retrouvé la trace de SMS de l'artiste réclament à sa fille des photos d'elle nue - ont signalé les faits au parquet des mineurs de Montpellier. Et, en décembre 2016, Ibrahim Maalouf était mis en garde à vue. Après une enquête préliminaire ouverte pour "atteinte sexuelle", le ministère public avait décidé de renvoyer l'affaire devant le tribunal pour "agressions sexuelles". Des faits que le prévenu n'a cessé de nier durant toute l'audience.
Une jeune fille qui "aurait souhaité que cette transgression continue" ?
Léa, aujourd'hui étudiante en lettres, aurait traversé une sombre période suite à cette affaire, allant jusqu'à se scarifier et à avoir des troubles alimentaires, tout en multipliant les hospitalisations et thérapies, rapporte l'AFP. "Comment voulez-vous qu'une jeune fille dont l'état de santé s'est objectivement dégradé, mente, pour rien, juste parce qu'elle aurait été vexée d'avoir été éconduite ?", s'est énervé le procureur dans ses réquisitions.
Dans sa plaidoirie, l'avocate d'Ibrahim Maalouf, Maud Sobel, a elle parlé de "dépit amoureux" d'une jeune fille qui "aurait souhaité que cette transgression continue". Elle a plaidé la relaxe, estimant qu'il n'y avait pas d'éléments pour étayer sa culpabilité. Dans ses réquisitions, le procureur a souligné la "non-dangerosité" d'Ibrahim Maalouf, et noté qu'il ne souhaitait pas requérir que ce dernier, qui enseigne la musique aux jeunes, ne puisse plus travailler avec des mineurs. "Il y a des moments où ça peut arriver, à chacun d'entre nous, de commettre des infractions", a-t-il dit
L'affaire ne sera délibérée que le 23 novembre.
Ibrahim Maalouf reste innocent des faits reprochés jusqu'au jugement définitif de cette affaire.
Thomas Montet