Pour le roi Juan Carlos, qui vient d'inaugurer sous une vibrante standing ovation la 10e législature de son pays, et la famille royale d'Espagne, le début de l'année 2012 sera hélas comme la fin de l'année 2011 : crispé. La faute au scandale Noos qui a éclaté en novembre et entraîné le gendre du roi, Iñaki Urdangarin, dans un cyclone médiatique et judiciaire dont le monarque lui-même a ressenti les vents violents. Nouvelle bourrasque ce 29 décembre, au lendemain même de la publication des comptes de la Maison royale...
Le 12 décembre, Juan Carlos d'Espagne, en bon capitaine, irréprochable à la barre du royaume depuis 36 ans, prenait la décision d'exclure des activités de la famille royale le mari de sa plus jeune fille, Cristina d'Espagne, et annonçait dans le même temps que la Maison royale publierait, dans un souci de transparence, la répartition de son budget 2011 (8,4 millions d'euros) en fin d'année - c'est chose faite depuis le 28 décembre. Une sanction, assortie d'un commentaire peu amène stigmatisant le comportement apparemment "pas exemplaire" de l'incriminé, dont Iñaki Urdangarin prenait acte sans broncher, quelques heures après avoir formulé ses regrets concernant le grave tort causé à la famille royale par cette affaire regardant ses activités privées.
L'étau se resserre autour du duc de Palma de Majorque, 43 ans, après l'annonce ce mercredi 29 décembre de sa convocation devant le tribunal de Majorque : soupçonné d'importants détournements de fonds concernant ses activités passées, de 2004 à 2006, à la présidence de l'association à but non lucratif Instituto Noos, il devra rendre des comptes le 6 février 2012.
L'ancien international ibérique de handball (qui porta le brassard de capitaine en club et en équipe nationale) fait l'objet d'une instruction ouverte par le juge José Castro et d'une enquête dont a été saisi le Bureau anti-corruption espagnol concernant les quantités d'argent perçues à l'époque concernée pour l'organisation d'un événement international dédié au tourisme et au sport, le Forum des Iles Baléares. Une perquisition menée dans les locaux de l'Instituto Noos a permis de mettre la main sur des documents semblant avérer, selon les médias hispaniques, qu'Iñaki Urdangarin a facturé des prestations sur-évaluées, et d'autres carrément fictives. L'intéressé, qui aurait démissionné de ses fonctions en 2006 sur la consigne du roi Juan Carlos (lequel aurait alors eu vent de pratiques douteuses), nie depuis le début de l'affaire, et ne s'exprime désormais plus que par la voie de son avocat. Si la somme de 2,3 millions d'euros avait d'abord fait surface, c'est désormais de 5,8 millions d'euros qu'il s'agirait, dont 1,7 million d'euros issus de cinq factures datées de... 2007, alors que l'organisme n'était plus en activité. L'argent soutiré, aux collectivités territoriales espagnoles essentiellement, à coups de factures gonflées, a vraisemblablement ensuite été placé dans des paradis fiscaux au Belize et au Royaume-Uni, selon les enquêteurs du Bureau anti-corruption. Dans ce dossier, l'ancien associé d'Iñaki Urdangarin, Diego Torres, a déjà été inculpé.