Il a les plus beaux yeux verts de la télévision et la voix française des plus grandes stars hollywoodiennes. Jean-Pierre Michael n'est pas un comédien comme les autres puisqu'il étend son talent au théâtre, la télévision et la publicité. Il nous a ouvert les portes de son univers et fait découvrir des facettes méconnues du grand public. Entretien avec un caméléon à la voix sacrée.
Suivez-vous toujours la série R.I.S dont vous étiez le personnage principal et qui passait hier soir sur TF1 ?Pas du tout ! J'ai honte de l'avouer mais je suis très peu télé en général pour les fictions françaises. Je regarde la télévison "à la demande".
Pouvons-nous espérer un nouveau retour de Venturi dans la série ?
Non, ce n'est pas du tout à l'ordre du jour. Mais cela a été une magnifique aventure. J'y ai fait un petit retour en novembre dernier pour clore l'histoire.
Prochaine étape, Camping Paradis ! Comment s'est passé le tournage ?
C'était super d'autant plus que nous avons tourné à côté de Martigues aux beaux jours ! En général, les autres comédiens tournent un peu toute l'année et même parfois en novembre ou décembre. A cette période de l'année, c'est nettement moins drôle d'être en maillot de bain !
Malgré le mistral, nous tournions en extérieur, sur des plages et un endroit assez sublime. Dans cet épisode intitulé Magic Camping, je joue le rôle d'un magicien venu avec son frère (François-Eric Gendron). L'histoire repose sur ces deux frères brouillés, venus tous deux au camping pour préparer le concours de magie du coin. Nous avons passé notre temps à nous entraîner à faire des tours, coachés par Sylvain Mirouf. On s'est vraiment bien amusés.
Comment se portait la future maman Jennifer Lauret ?
Elle allait très très bien ! Elle n'a pas pris un gramme. Je ne sais pas comment elle fait car elle a réussi a tourner jusqu'au bout sans que sa grossesse ne se voit. Elle ne devrait plus tarder à accoucher.
Un rôle récurrent dans une série ne vous manque pas ?
En France, on vous enferme très vite dans des cases. En ce qui me concerne, R.I.S en est la preuve. J'avais quinze ou vingt ans de carrière avant ce rôle or on ne me connaît que par cette série qui m'a fait connaître du grand public. Ensuite vous n'êtes plus repéré que par ça. Aux Etats-Unis, on peut naviguer d'une série à l'autre, du cinéma à la télévision... En France c'est beaucoup plus compliqué. Si un bon rôle dans une belle série m'était proposé, pourquoi pas, mais je ne cours pas après.
On ne le sait que très peu mais vous avez passé dix-sept ans à la comédie Française ? Pourquoi en être parti ?
Des contrats se terminent tous les cinq ans pour les sociétaires. Je devais resigner à nouveau pour cinq ans. Je n'en avais très envie ni eux non plus. Donc nous nous sommes séparés d'un commun accord et tout s'est très bien passé. C'était juste avant le début de R.I.S donc cela tombait à point nommé ! Je ne regrette pas du tout. J'ai vécu là aussi une très belle aventure et plus encore puisque c'est dix-sept ans de ma vie, une formation et un plaisir d'avoir travaillé avec les plus grands metteurs en scène et les plus grands textes. J'en avais un peu assez du théâtre puisque j'y étais tous les soirs depuis dix-sept ans. J'avais besoin de passer à autre chose. C'était le moment ou jamais. J'y retournerai un jour. Il y a des projets dans l'air mais rien de concret pour l'instant.
Vous êtes le français dont la voix double des acteurs anglophones comme Brad Pitt, Johnny Depp, Keanu Reeves (et bien d'autres), comment appelle-t-on cette profession puisque l'on ne dit pas "doubleur" ?
Comédien ! C'est un vrai drame car tout le monde s'imagine que "doubleur" est un métier. Nous sommes là pour donner notre voix à des comédiens. Si l'on est pas comédien soi-même, si on ne sait pas comment fonctionnent les choses, on ne peut pas devenir la voix d'un artiste ! Il faut être comédien à la base, avoir une formation, pouvoir comprendre ce que c'est que de jouer devant une caméra pour pouvoir redonner un tant soit peu de vérité au personnage qu'on double.
Avez-vous une affection particulière pour un des acteurs que vous doublez ?
J'ai la chance de doubler beaucoup d'artistes plutôt fascinants et extrêmement pointus. Mais avec Brad Pitt, j'ai une sensibilité assez proche dans le jeu. Je me sens bien quand je le double, un peu plus qu'avec Keanu Reeves par exemple. J'aime bien Jude Law aussi. Malheureusement, je n'ai jamais eu l'occasion de les rencontrer. Je devais faire la connaissance de Brad Pitt, à l'occasion de la première de Benjamin Button . Mais j'étais en tournage et il m'était impossible de revenir. J'espère bien que une telle occasion se représentera.
Que faites-vous aujourd'hui ?
A partir de lundi, je retrouve un personnage joué par Timothy Olyphant pour la série Justified qui sera diffusée sur M6 que j'avais déjà doublé pour DeadWood ou Die Hard 4. Là il s'agit du rôle d'un shériff aux méthodes peu orthodoxes, Raylan Givens, qui est muté dans le Kentucky de son enfance après des déboires avec ses supérieurs à Miami. Son style, très old school, va vite faire des étincelles...
Si vous deviez choisir entre le théâtre, la télévision, le cinéma, le doublage... Quel serait votre domaine de prédilection ?
J'ai envie de faire le métier de comédien dans son ensemble et c'est tout ça qui le compose : ce sont les pubs (Jean-Pierre Michael est, entre autres, la voix des publicités L'Oréal, ndlr), le doublage, le cinéma, la télé, le théâtre... C'est cet ensemble là qui montre la richesse de ce que ce métier offre et j'ai la chance de pouvoir le pratiquer sous toutes ces facettes. C'est génial ! Je serais très malheureux si je ne faisais mon métier de la sorte. Cela me permet de passer d'un projet à l'autre, d'une technique à une autre et de rencontrer des gens différents dans des milieux très différents !
Avec votre voix très reconnaissable, avez-vous été approché par des maisons de disques ?
Ah non malheureusement ! Je ne sais pas si je chante bien mais j'ai toujours aimé ça. Je faisais partie d'un groupe quand j'étais môme, au lycée. Je me suis orienté vers la comédie alors que je voulais être... une rockstar ! C'est comme ça !
Vous êtes quelqu'un de très discret sur votre vie privée. On sait seulement que vous avez trois enfants ? Quel papa êtes-vous ?
Le papa le plus attentif possible ! J'ai la chance d'avoir des enfants de tous les âges puisque le grand a 16 ans et demi et la plus petite a huit mois. J'essaye de refaire mieux avec la dernière ce que j'aurais pu éventuellement rater avec les premiers. Les grands sont dans une phase que je découvre : ils sont beaucoup plus autonomes et j'essaie de les lancer vers la vie et vers d'autres activités. Pour eux, je suis disponible le plus possible.
Les inciteriez-vous à suivre vos pas ?
Je ne les encouragerais à rien mais je ne les dissuaderais pas si je sens qu'il y a une vraie passion chez eux. Tout comme cela a été le cas pour moi...
Propos recueillis par Marine Trévillot