Il est malin, ce Mamann... En plein Roland-Garros, entre un commentaire de Mats Wilander sur le jeu de Federer et un hommage de Guy Forget à Arnaud Clément, il nous expédie en coup droit lifté son nouveau titre, Fais pas la gueule John, avec une image de John McEnroe en 1981 à Wimbledon en accroche du teaser de son clip, amorcé discrètement en mars.
Aussitôt, on se met à fantasmer vite fait sur un single bien croquignolet croquant, sur une chaleureuse rythmique entre roots et variété joyeuse dont John Mamann est coutumier, la fameuse colère de Big Mac sur la gazon anglais, lorsqu'il s'en était pris à l'arbitre de sa rencontre face à Tom Gullikson avec la formule courroucée demeurée célèbre : "You cannot be serious ?!"
Mais non. John Mamann ne va pas se la jouer Martin Solveig et se déguiser en McEnroe d'époque, ne va pas nous faire rire, mais juste nous détendre un peu. Serious ? Serious. Fais pas la gueule John, c'est un peu le Hey Jude (d'ailleurs, on aperçoit John... Lennon sur les photos promo) de John Mamann. En moins dramatique. Mais pour dédramatiser. Pour le coup, l'ambiguïté du "John", qui peut autant être McEnroe que Mamann, autant morale que méthode Coué, fonctionne : les colères du tennisman étaient tellement disproportionnées (surtout pour un type qui, au bout du compte, a gagné sept tournois du Grand Chelem et empoché plus de 12 millions de dollars de gains) qu'elles constituent un point de référence parfait pour apprendre à relativiser. "Fais pas la gueule John, y a des mecs qu'y en bavent, t'as pas idée" : le refrain, basique et mélodieux, est imparable.
"J'ai ma bagnole en fourrière, je retrouve même pas ma cafetière. (...) Je rame pour le loyer, les tonnes de choses à payer." Voilà comment ça démarre, et la liste est longue : John (Mamann) nous fait un inventaire tristounet de ce qu'est la lose intégrale. Un tableau grisâtre et pluvieux que vient ensoleiller d'un peu de zenitude ("Tout ça, c'est pas grave, ça va passer") un joli refrain. Et une petite blonde sexy, aussi.
L'idée de base ne demandant pas une attention trop élevée, c'est l'occasion de remarquer la très belle production de Fais pas la gueule John, un morceau qui semble emprunter quelque chose de la rythmique nerveuse et de l'harmonica de Charlie Winston, et dont les arrangements élaborés, à la facette variété revendiquée, se situent dans une autre dimension que les précédents morceaux (volontiers à tendance acoustique) de John Mamann - Pas jaloux, Donnez-moi le sens, et On est tous comme ça, extraits de son premier album Mister Joe.
Pour son second album en approche, celui qui avait offert à Louisy Joseph le tube Assis par terre et a aidé récemment Johnny Hallyday à faire son Autoportrait se présentera "tout en contrastes : rayonnant et mélancolique, futile et sage, solide et en mouvement (...) cool devant les petits tracas Du genre humain (...) [optant] pour une pop un peu sale, un peu variété, même si parfois, sans perdre la couleur groovy qui caractérise son album, il se laisse aller à plus de lyrisme et d'émotions comme dans le Souvenir des sentiments."