"C'est pas du Chopin, c'est du Uminski", comme il chantait avec une effronterie délectable sur son dernier album dans la Polonaise, sa version rock pressée de cette fameuse danse impérieuse sur trois temps dont Chopin fut le grand représentant dans le répertoire classique : Philippe Uminski a présenté samedi soir, 24 mars 2012, au Café de la Danse de Paris, sa nouvelle réalisation, l'album Mon Premier Amour. Vraiment, c'est du Uminski, pas de doute sur la marchandise, et ça n'a pas à rougir de ne pas être du Chopin.
Si le nom de l'artiste est étroitement associé à ceux de Calogero (première partie en 2008 et réalisateur des albums 3 et Face à la mer), Johnny Hallyday (réalisateur de l'album Ça ne finira jamais et directeur d'orchestre du Tour 66) ou Julien Clerc, seulement une partie de son pédigrée chic de compositeur-arrangeur-réalisateur-instrumentiste des dix dernières années (on retrouve aussi La Grande Sophie, Mokaiesh, Mareva Galanter, Archive, Mass Hysteria ou encore Jenifer, pour un titre avec Burgaud sur Appelle-moi Jen), Philippe Uminsky continue d'imposer en son nom propre une personnalité artistique d'une authenticité remarquable, où sa science profuse et extensive des arrangements toniques mêlant généreusement les époques, les énergies et les textures, se conjugue brillamment à des textes extrêmement vivaces. Servis par une qualité d'interprétation idoine, avec une touche rock rescapée de ses années Montecarl et de sa reprise tonitruante du Harder, Better, Faster, Stronger de Daft Punk.
Après avoir étrenné en début de mois Mon Premier Amour en province, dans sa ville natale et son port d'attache de Nérac dans le Lot-et-Garonne (le quotidien Sud-Ouest citait ses paroles, édifiantes : "Moi m'sieur, j'suis provincial / Je ne suis pas d'ici / j'suis du reste du pays pour toute ma vie"), puis à Bordeaux une semaine plus tôt, il pouvait compter sur la présence amicale de son ami Julien Clerc pour son grand soir parisien au Café de la Danse, en pleine promotion de l'album. Julien Clerc a eu une grande idée en sollicitant Philippe Uminski pour la réalisation de son dernier album en date, Fou, peut-être : quatre ans après avoir repris, en épilogue bonus de son magnifique album Les Curiosités porté par le single Un jour je partirai, le tube de Juju Ce n'est rien, dans une réorchestration génialement pompière et fougueuse aux arrangements éclatants, bricolés et touffus, Uminski a apporté à Fou, peut-être une vitalité musicale exceptionnelle. Dans les coulisses du Café de la Danse, Julien Clerc, venu avec sa compagne Hélène Grémillon, mère de leur fils Léonard qui aura 4 ans le mois prochain, a apporté son soutien en toute décontraction à Philippe Uminski, à l'instar du comédien Lambert Wilson. Une bonne manière pour Juju d'entamer, au lendemain d'un concert au Zénith de Lille, sa quinzaine de répit au coeur de sa tournée symphonique, qu'il reprendra le 4 avril aux arènes de Metz et qui le conduira jusqu'à une résidence attendue au Palais des Sports de Paris du 1er au 9 juin 2012.
L'audace symphonique - ne parlez pas de hasard - est également au coeur de l'album Mon Premier Amour, emballé et emballant, de Philippe Uminsky, qui a enregistré les douze chansons du tracklisting en direct en studio et en deux journées, fin novembre 2011, chantant debout, isolé par un paravent vitré, au milieu de son septet pop habituel et d'un orchestre symphonique de 32 musiciens. De la sincérité, de grandes envolées (lyriques ou émotionnelles), du verbe et du sentiment bien envoyés, un ballet de musiques qui fait intimement danser quelques idoles (Jacques Brel, Michel Legrand, David Bowie, Claude Nougaro, Michel Polnareff...)... Et pourtant, Philippe n'a jamais autant été Uminski, à en croire le ton résolu qu'il adoptait en entretien avec Sud Ouest en février pour décrire cet album que lui-même considère comme son premier : "Pendant des années je me suis appliqué pour que ma musique soit jolie et soignée. Aujourd'hui, je veux juste assumer qui je suis, faire un disque le plus honnête possible, sans fard ni posture. Je n'essaye plus d'être David Bowie, je veux juste que ce soit moi." Eh bien bravo, car c'est émouvant.
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G.J.