Biographie
- Naissance : 3 août 1958, Neuilly-sur-Seine
- Âge : 66 ans
- Signe astrologique : Lion
- Résidence : France
Quel acteur peut à la fois jouer dans des blockbusters américains (Matrix) et interpréter indifféremment l'Abbé Pierre ou Céline Dion dans des films français ? Lambert Wilson, acteur, chanteur, metteur en scène, homme de théâtre, homme engagé, est une figure clé du paysage médiatique.
Lambert Wilson est né à Neuilly-sur-Seine le 3 août 1958. Sa mère Nicole est comédienne et son père, Georges Wilson, un acteur et metteur en scène à la personnalité ombrageuse et la notoriété certaine. Avec son frère Jean-Marie, aujourd'hui musicien de jazz, Lambert grandit donc dans le milieu théâtral, mais ballotté d'école en école, suivant les engagements de son père, qu'il craint pour son caractère brutal mais admire pour son aura d'homme de théâtre qui compte. Il avouera, bien plus tard, dans Le Divan de Marc-Olivier Fogiel, que son père entretenait une autre relation à côté de sa mère et que ce père avait été traumatisé par son enfance.
La vocation pour l'art dramatique de Lambert Wilson naît un jour de 1973, quand son père l'emmène à la première du film Les Trois Mousquetaires, de Richard Lester, et qu'il y voit des stars comme Raquel Welch et Faye Dunaway. Il décrète alors vouloir à son tour devenir un "acteur américain" ! Mais pour acquérir la possibilité de jouer à Hollywood, il faut parler l'anglais, il va donc suivre une formation au Drama Centre de Londres pour apprendre le métier en même temps que la langue que son père, lui, ne parle pas, bien qu'il descende d'un chimiste anglais venu travailler comme ingénieur dans les sucreries du Nord. Lambert Wilson avait déjà fait quelques apparitions sur les planches, dans des pièces montées par son père, au Festival d'Avignon.
De retour de Londres, en 1978, il se retrouve encore à jouer dans une pièce dans le rôle du fils de son père, Les Derniers, de Maxime Gorki, au Théâtre de la Ville. Cette prédestination ne va pas pour autant le dégoûter de l'art théâtral et il va mener en parallèle une carrière permanente au théâtre, avec pas moins de vingt-quatre pièces interprétées depuis ses débuts. Molière, Anouilh, Hugo, Musset, Shaw, Pinter, Racine, Strindberg... Il joue le répertoire, des pièces contemporaines, des comédies musicales, il est parfois mis en scène par son père, ou par lui-même. Il est aussi nominé trois fois au Molière du meilleur acteur, dans Eurydice, Ruy Blas, Le Misanthrope.
Au cinéma, Lambert Wilson commence, effectivement, par Hollywood, puisque son premier film, Julia, est signé Fred Zinneman, l'immense réalisateur américain oscarisé deux fois dont une pour Tant qu'il y aura des hommes. Dans ce film, il joue un jeune résistant pendant la guerre de 39/45, donne la réplique à Jane Fonda et une autre débutante, comme lui, nommée Meryl Streep. Deux salles, deux ambiances : son film suivant est Le Gendarme et les Extra-Terrestres ! Après quelques films français, il retrouve Fred Zinneman, qui lui offre son premier grand rôle en 1982 dans Cinq jours, ce printemps-là, avec Sean Connery. Il enchaîne avec un rôle dans La Boum 2, avec Sophie Marceau. Il est remarqué dans La Femme Publique d'Andrzej Zulawski, en 1984, puis l'année suivante dans Rendez-vous d'André Téchiné, avec Juliette Binoche, qui lui vaut une nomination au César du meilleur acteur (il sera en tout six fois nominé, sans jamais rapporter chez lui la statuette).
Avec son physique très avenant, sa voix grave et posée, Lambert Wilson est désormais un jeune premier qui compte, alignant les rôles romantiques (Rouge Baiser, 1985, avec Charlotte Valandrey) ou inquiétants (L'Homme aux yeux d'argent, de Pierre Granier-Deferre, la même année). Il choisit de tourner des films de grands réalisateurs (Chouans ! de Philippe de Broca, Les Possédés de Zulawski, El Dorado de Carlos Saura, Le ventre de l'architecte de Greenaway), mais ces films sont des échecs, qui affaiblissent un peu sa notoriété.
En 1989, il joue dans La Vouivre, le seul film réalisé par son père Georges Wilson, mais aussi dans Hiver 54, L'Abbé Pierre, où son interprétation du fondateur d'Emmaüs lui rapporte le prix Jean Gabin et des louanges, mais il reste un acteur de films sans grand succès tout au long des années 90, même s'il campe un Marquis de Lafayette séduisant dans Jefferson In Paris du réalisateur britannique James Ivory. Il renoue avec les films à succès un peu plus tard, toujours dans des registres très différents, entre On connaît la chanson d'Alain Resnais (1997) ou Jet Set de Fabien Onteniente (2000).
Il retourne à Hollywood avec le rôle marquant du Mérovingien dans Matrix Reloaded et Matrix Revolutions, des Wachowski, en 2003, mais aussi dans Prisonniers du temps de Richard Donner, la même année, Catwoman en 2004 et Sahara, avec Penelope Cruz et Matthew McConaughey, en 2005. Après cette intense activité de blockbusters, il claque la porte de la Cité des Anges et revient travailler en France, où il devient incontournable. On le remarque dans d'autres Resnais (Pas sur la bouche, 2003, Coeurs, 2006, Vous n'avez encore rien vu, 2013), dans Palais Royal de Valérie Lemercier (2005), Babylon AD de Mathieu Kassovitz (2008), La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier (2010), Des Hommes et des dieux de Xavier Beauvois (2010). En 2012, il fait une imitation sidérante de Céline Dion dans une scène du film d'Alain Chabat Sur la piste du Marsupilami, et, fidèle à son habitude, enchaîne avec un rôle sérieux dans le populaire et raffiné Alceste à Bicyclette (2013), qui rapporte un César à son partenaire Fabrice Luchini. Lambert Wilson est dans vingt-six films durant les années 2010, et attaque les années 2020 avec un rôle dans Benedetta de Paul Verhoeven, puis joue Charles de Gaulle dans Libres, un autre héros majeur français, après l'Abbé Pierre et le Commandant Cousteau (dans L'Odyssée en 2016).
Acteur infatigable, il s'est également frotté à la musique. Un art qu'il avait commencé à étudier en même temps que le théâtre, à Londres, lors de ses années de formation. Il a ainsi enregistré huit albums, mais se tenant toujours loin d'une pop prévisible, comme d'autres acteurs tentés par la chanson. Il a ainsi chanté du classique (Pierre et le loup, Peer Gynt), de la chanson française plutôt exigeante, toujours de façon confidentielle. Son disque le plus médiatisé restant un album hommage à Yves Montand, paru en 2016, qui fut aussi prétexte à un spectacle.
Célibataire endurci, n'ayant jamais fait mystère de sa bisexualité, Lambert Wilson joue encore les premiers rôles masculins séducteurs, comme dans Volontaire d'Hélène Fillières, en 2018, où à 60 ans il peut sans jamais susciter le ridicule susciter de l'attirance chez sa partenaire quarante ans plus jeune.