Avec trois Françaises en huitièmes de finale à Roland-Garros, une première depuis 23 ans, la seconde semaine des Internationaux de France de tennis s'annonçait sous les meilleurs auspices. A la veille du duel tricolore entre Alizé Cornet et Caroline Garcia, le court Suzanne-Lenglen n'avait dimanche 4 juin 2017 d'yeux et de voix que pour Kristina Mladenovic, qui défiait la tenante du titre sur la terre battue parisienne, l'Hispano-Vénézuélienne Garbiñe Muguruza.
C'est bien simple : l'ambiance était tellement survoltée qu'on aurait pu croire que c'est la finale qui se jouait ! Après un départ canon et le gain du premier set (6-1), Kristina Mladenovic a essuyé la réaction de son adversaire, revenue à un set partout (3-6). Rarement le Suzanne-Lenglen aura été aussi bouillant, les olé s'élevant, les "po-po-lo-po-po-po" (ceux de Seven Nation Army) résonnant, les olas se répandant et les "Kiki" pleuvant bruyamment pour pousser la Nordiste vers la victoire. Au coeur de cette union sacrée du public français se trouvait bien évidemment le clan de Kristina, qu'on avait vu particulièrement ému lors de sa qualification au tour précédent : son père Dragan, ancien gardien de handball international yougoslave qui est son préparateur physique, sa mère Dženita, ancienne volleyeuse de haut niveau, et son frère Luka, footballeur pro à Calais, qui est son premier supporter à Roland.
Moi aussi, je vous aime !
Un clan qui a pu exploser de joie : puissante, dans ses coups et mentalement, "Kiki" a magistralement pris l'ascendant sur sa rivale pour passer en quart de finale, recevant une incroyable standing ovation du public. Un public, qui a même chanté pour elle, avec lequel elle a communié de longues minutes, lançant des "olé" dans les tribunes des quatre côtés du court après être allée, comme au tour précédent, toper avec le nouveau président de la Fédération Française de Tennis Bernard Giudicelli. Elle a même eu du mal à en placer une, interrompues par les déclarations d'amour, lorsque Fabrice Santoro lui a tendu le micro pour les traditionnelles déclarations d'après-match du vainqueur !
"Merci à vous ! Moi aussi je vous aime... Il faut que je me concentre, a-t-elle commencé, avant de laisser échapper quelques larmes. Vous me faites pleurer, c'est dur là... (...) J'ai toujours joué devant un Suzanne-Lenglen plein, mais là je crois qu'il est vraiment plein (rires). Je voulais juste vous dire que c'est un pur régal de jouer devant vous. Comme vous l'avez vu, tout n'est pas parfait, il y a des petits soucis, je me bats comme je peux, j'ai fait 35 doubles fautes devant vous, mais tout va bien. Mais le courage et la force que vous me donnez, c'est juste inimaginable et c'est grâce à vous que je vais chercher chaque petit point. Et on est en quart de finale, oui !"
Des mots et une spontanéité qui en ont fait encore un peu plus la coqueluche du public de Roland-Garros. La Suissesse Timéa Bacsinszky, qui sera sa prochaine adversaire après avoir sorti Venus Williams, est prévenue.