C'est l'une des embrouilles familiales que connaît régulièrement le tennis. Après Marion Bartoli ou Bernard Tomic, Timea Bacsinszky a rejoint la liste des joueurs ayant égratigné publiquement leur géniteur au mois de mars dernier, affirmant avoir eu une "enfance volée" par son père. Quelques mois plus tard, le papa et ex-coach Igor Bacsinszky lui répond dans une lettre publiée par le journal suisse SonntagsBlick, et fait son mea culpa.
Je te demande pardon
Il y a une semaine, Timea Bacsinszky s'est malheureusement inclinée devant Alison Riske dès le premier tour du Masters 1000 de Toronto. Une contre-performance pour la talentueuse tenniswoman suisse, 13e mondiale, à laquelle son papa n'a sûrement pas assisté depuis les tribunes. La raison ? Depuis 10 ans, les deux ne se parlent plus, ce qui chagrine son père et ex-coach, critiqué publiquement par sa fille pour sa dureté.
"Je n'ai jamais voulu te faire du mal, mais j'ai peut-être été plus un coach qu'un père, se défend-il dans la lettre, citée par le quotidien suisse Le Matin. Malheureusement, je n'ai pas trouvé l'équilibre entre la rigueur d'une éducation sportive et la flexibilité et la tendresse du rôle de père. La relation d'un papa à sa fille ne devrait jamais se confondre avec celle d'un coach et sa joueuse", pense-t-il aujourd'hui, avant de faire son mea culpa : "Je te demande pardon si je n'ai pas été le père que tu souhaitais."
"Je n'ai jamais touché à ton argent"
Igor Bacsinszky en profite aussi au passage pour justifier l'éducation donnée à sa fille et ses strictes méthodes. "Tu voulais tout avoir : les sorties, le plaisir de la fête et les succès d'une sportive d'élite. Avec ton ancien copain, vous rentriez au petit matin à la maison et, alors que ta mère dormait, je t'attendais pour m'endormir. Lorsque je t'ai conseillé de chercher un travail, ta mère s'y est opposée. Evidemment, tu étais de son avis", regrette-t-il. Autre sujet sensible, l'argent. Igor Bacsinszky assure ne pas avoir été motivé par l'appât du gain. "Je n'ai jamais touché à ton argent, nous avons toujours tout apporté à la banque", dit le père de Timea, qui l'avait accusé de s'être versé un gros salaire à l'arrivée du premier sponsor.
Malgré les critiques, son père dit toujours suivre ses matchs comme un vrai supporter. "Aujourd'hui, tu as un excellent coach. Tu as beaucoup travaillé physiquement. Tu es belle et en super forme (...) Je vibre encore devant chacun de tes matchs, à la télévision ou devant les "live scores". Hélas, on ne peut pas revenir en arrière, mais sache que j'ai tout fait par amour paternel. (...) Je suis fier de toi et te souhaite le meilleur pour l'avenir. Ma porte est ouverte, je t'attends", conclut le prof de tennis, marié à une dentiste.
"Mon père ne s'occupait jamais de moi"
En mars dernier, Timea Bacsinszky avait fait des confessions fracassantes dans L'Equipe, expliquant avoir été proche d'arrêter le tennis deux ans plus tôt, dégoûtée par son père et "pas heureuse". "J'ai un père, enfin, un géniteur - je sais que les mots sont violents mais c'est un regard objectif sur la situation - qui m'a mise dans une cage", disait-elle, racontant que son père voulait faire ce qu'il n'avait "pas réussi" avec ses deux autres enfants.
Si elle a plusieurs fois failli appeler des numéros d'aide pour les enfants maltraités, Timea Bacsinszky expliquait également que son père avait été plus violent "psychologiquement" que physiquement. "Mon père ne s'occupait jamais de moi, sauf sur le terrain de tennis (...) Je n'ai pas eu de père. Je ne le vois plus, je ne lui parle plus et ce sera comme ça jusqu'à la fin (...) J'ai eu une enfance volée. Une adolescence volée aussi (...) Avec ce que j'ai enduré, les gens qui me connaissent se demandent comment j'ai fait pour ne pas tomber dans la drogue ou dans l'alcool", avait également dit la tenniswoman, toujours suivie par un psychologue.