Kristina Vogel valsant telle une princesse entre les bras du ministre de l'Intérieur allemand Thomas de Maizière lors du grand Bal des Sports caritatif, c'est une scène - vue en février dernier à Wiesbaden - qu'on ne reverra hélas pas : la multiple championne olympique et championne du monde de cyclisme sur piste a révélé vendredi 7 septembre 2018 qu'elle est désormais paraplégique.
Victime d'un grave accident - une chute suite à une collision avec un autre athlète - en juin dernier lors d'un entraînement sur la piste du vélodrome de Cottbus, l'Allemande de 27 ans, qui avait ajouté quelques semaines plus tôt deux titres mondiaux supplémentaires (les dixième et onzième) à son impressionnant palmarès, avait dû être opérée en urgence à Berlin, victime d'une fracture du sternum et sévèrement touchée à la colonne vertébrale. Depuis, le monde des pistards, qui s'était mobilisé dès le week-end suivant lors du Grand Prix d'Allemagne pour lequel elle se préparait au moment du drame, espérait de bonnes nouvelles. Des nouvelles qui ont fini par arriver le 7 septembre, mais qui sont terribles...
"Je ne voulais pas, jusqu'à maintenant, qu'on me voie aussi blessée. Ça fait chier, mais il n'y a pas d'autre façon de le dire, peu importe comment tu présentes la chose : je ne peux plus marcher, a déclaré en toute transparence Kristina Vogel dans un entretien accordé à l'hebdomadaire Der Spiegel, expliquant qu'elle devra passer le reste de sa vie en fauteuil roulant. Mais qu'est-ce que je peux faire ? Je pense toujours que plus vite on accepte une nouvelle situation, mieux on peut y faire face."
Championne olympique de vitesse par équipes à Londres 2012 puis en individuel à Rio 2016, et onze fois championne du monde entre 2012 et 2018 en vitesse et en keirin, la jeune femme explique que sa moelle épinière est sectionnée au niveau de la septième vertèbre et qu'elle a perdu l'usage de ses jambes : "Je sens ma peau, mais il n'y a pas de réaction. Mes jambes ne sentent pas le toucher. C'est difficile à décrire. (...) En fait, je me compare à un bébé qui doit apprendre à se tourner et à s'asseoir. Et c'est bien que je puisse prendre mon temps. Pour la première fois de ma vie, je n'ai rien à faire. Je veux profiter de cette situation. En gros, je suis libre pour la première fois", détaille-t-elle, se voulant philosophe en dépit de la cruauté de la situation.
Quant à l'éventualité de poursuivre sa carrière dans le sport paralympique, cette perspective-là ne semble guère susceptible de la stimuler : "Je ne suis pas sûre d'avoir envie de refaire un jour du sport en compétition et, le cas échéant, je ne sais pas dans quelle discipline", dit-elle.
Sur son compte Instagram, muet depuis une publication depuis Cottbus en juin, Kristina a partagé en Story des dizaines de témoignages de sympathie et d'émotion qui lui ont été adressés. Poignant...