Le ministère des Affaires étrangères vient d'annoncer le décès de Marie Dedieu. L'otage française avait été enlevée au Kenya le 1er octobre et était retenue en Somalie depuis. "Les contacts à travers lesquels le gouvernement français cherchait à obtenir la libération de Marie Dedieu (...) nous ont annoncé son décès sans que nous puissions en préciser la date, ni les circonstances", peut-on lire sur le site du Quai d'Orsay. "L'état de santé de Mme Dedieu, l'incertitude sur les conditions de sa détention, le fait que les ravisseurs aient probablement refusé de lui remettre les médicaments que nous lui avons envoyés, nous conduisent à craindre que cette issue tragique soit malheureusement la plus vraisemblable."
Marie Dedieu, 66 ans, souffrait d'un cancer et d'insuffisance respiratoire. Elle a été enlevée dans la nuit à son domicile kenyan sur l'île de Manda. Ses ravisseurs n'ont pas pris le soin de prendre le fauteuil roulant dont elle se servait pour se déplacer.
Drôle de destin que celui de Marie Dedieu. Elle est une féministe de la première heure, proche du Mouvement de Libération des Femmes (MLF). En 1971, elle signe le manifeste des 343 salopes rédigé par Simone de Beauvoir en faveur de l'avortement et publié dans le Nouvel Observateur. Marie Dedieu fonde dans la foulée Le Torchon brûle, premier magazine 100% féministe, édité jusqu'en 1973.
Ce combat, elle l'incarne au cinéma devant la caméra de François Truffaut. En 1970 pour Domicile conjugal, Marie Dedieu joue le rôle d'une prostituée combattante. À la suite d'un accident de voiture, elle est handicapée et clouée en fauteuil roulant. Au début des années 90, elle découvre le Kenya et décide de s'y installer.
"Le gouvernement français exprime sa profonde émotion, sa grande tristesse et sa solidarité avec la famille et les proches de Marie Dedieu. Il exprime aussi son indignation devant l'absence totale d'humanité et la cruauté dont ont fait preuve les ravisseurs de notre compatriote dont nous voulons qu'ils soient identifiés et traduits devant la justice", ajoute le Quai d'Orsay. "Nous demandons la restitution sans délai et sans conditions de la dépouille mortelle de notre compatriote."
Nicolas Sarkozy s'est montré "très, très ému, surtout par les conditions de son enlèvement et de sa mort", a affirmé Pierre Lellouche, secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, ajoutant que le président s'était "exprimé longuement pendant le conseil" des ministres.