Économiste en vue qui intervient régulièrement dans les médias, Laurent Bigorgne (47 ans) est désormais dans la tourmente. Directeur de l'Institut Montaigne, il a remis sa démission ce 27 février 2022, alors qu'il sera jugé le 10 mars devant le tribunal correctionnel de Paris, soupçonné d'avoir drogué à son insu une collaboratrice lors d'une soirée, rapporte l'AFP. Le think-tank libéral qu'il dirige depuis 2011 a accepté cette décision. L'organisme ajoute mettre "tout en oeuvre pour accompagner ses salariés durant cette période en leur mettant à disposition une cellule psychologique" et a décidé de "confier à un tiers la conduite d'une enquête interne portant notamment sur l'environnement de travail au sein de l'Institut".
Invitée au domicile de Laurent Bigorgne, l'une de ses collaboratrices, âgée d'une quarantaine d'années, a déposé plainte dans la nuit de mardi 22 à mercredi 23 février 2022, après un début de soirée passé en sa compagnie. Selon Le Parisien, elle aurait raconté à la police s'être sentie subitement mal après avoir bu une coupe de champagne et serait allée directement dans un hôpital où on lui aurait dit qu'elle présentait des symptômes de prise de drogue. Selon une expertise toxicologique de la plaignante, elle était alors positive à la MDMA, une drogue de synthèse de la famille des amphétamines aussi appelée ecstasy. Lui, selon la plaignante, aurait pris de la cocaïne. A l'issue de sa garde à vue commencée vendredi, Laurent Bigorgne a fait l'objet d'une convocation par procès-verbal le 10 mars devant le tribunal pour "administration de substance nuisible suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours par une personne agissant sous l'emprise manifeste de produits stupéfiants".
Formé à Sciences Po Paris où il a sympathisé avec Emmanuel Macron, Laurent Bigorgne a fait partie d'un comité de 34 hauts fonctionnaires, personnalités politiques et du monde économique désignés fin 2017 par le Premier ministre d'alors, Edouard Philippe, pour dessiner la réforme de l'administration. Sa compagne est Véronique Bolhuis est elle aussi passée sur les bancs de l'institut d'études politiques de Paris.
A partir de 2011, il a pris la tête de l'Institut Montaigne - créé en 2000 -, centre de réflexion d'inspiration libéral, qui réunit des chefs d'entreprise, de hauts fonctionnaires, des universitaires, et qui rend régulièrement des études et rapports, notamment adressés aux pouvoirs publics. Le Comité directeur de cet organisme, Camille Godeau, directrice adjointe, ainsi que le Comité de direction, assureront la continuité de ses activités sous la supervision de son président, Henri de Castries et de ses deux vice-présidents, Jean-Dominique Senard et David Azéma.