Nous aimerions croire que dans la vie comme à l'écran, Louis de Funès n'était rien d'autre qu'un personnage empli de bonheur. Mais la réalité est plus compliquée.
Dans un souci d'exposer le plus objectivement possible le vrai Louis de Funès, Jean-Jacques Jelot-Blanc publiait récemment Louis de Funès : L'Oscar du cinéma, écrit en collaboration avec Daniel de Funès. Car le premier fils du célèbre comique français est également celui qui a été tenu le plus à l'écart de son père biologique, à tel point qu'il a appris sa mort à la radio.
Il parle à coeur ouvert de Louis de Funès dans les pages du magazine Gala, et notamment du premier souvenir qu'il en a, lorsqu'il n'avait que 2 ans. A l'époque, Louis de Funès est marié à Germaine Carroyer, habite un petit appartement parisien et ne vit que pour la musique. Pendant la guerre, l'enfant se réfugie avec sa mère à Clermont-Ferrand tandis que le père reste dans la capitale, où il est pianiste de jazz dans les cabarets. En 1942, le divorce est prononcé et le petit Deniel suit sa mère.
Son père disparaît jusqu'à ses 11 ans. Le comique s'est entre-temps marié à Jeanne, qui le poussera à prendre des cours de théâtre et rencontrer son destin. Le hasard rapproche le père et le fils : "Il vivait non loin de notre appartement. Et un jour, en passant devant chez nous, il a levé la tête alors que j'étais au balcon. Il est monté." Loin du contrôle excessif de sa nouvelle femme, Louis vient rendre visite à Daniel en cachette et lui transmet son amour du cinéma et du dessin. Une vraie complicité se crée, même si aujourd'hui encore, à 74 ans, Daniel de Funès parle de son père en l'appelant par son prénom.
Les années passent et le lien reste solide. L'acteur emmène son fils visiter les plateaux de tournage et, adulte, celui-ci vient le féliciter dans les loges du théâtre où il joue, avant d'aller dîner discrètement... mais jamais les soirs de première ! Cependant, l'ombre de Jeanne, qui règne d'une main dans fer dans un gant de velours, aura raison de leur complicité. Lorsque Louis de Funès meurt d'un infarctus le 27 janvier 1983, le lien est définitivement rompu : "Je n'ai pas été prévenu ni invité aux obsèques. Ça m'a fait mal ! Louis ne m'a rien légué. Ce n'est pas grave ! J'ai quand même réussi à mener la vie que je voulais." Daniel ne revoit pas non plus ses deux frères, Olivier et Patrick.
Louis de Funès avait beau dire "Le cinéma, je le fais sur un écran, pas dans la vie", son récit a tout d'un beau drame familial.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans Gala, numéro du 9 novembre.