"Notre relation a commencé alors qu'on vivait tous les deux un moment difficile, marqué par la perte de proches. Et cela nous a définitivement soudés. J'ai vu qui il était dans l'adversité, je sais qui il est." C'est de façon très romantique, passionnée et touchante que Leïla Bekhti décrit son époux, comédien comme elle, Tahar Rahim. Partenaires dans Un prophète de Jacques Audiard, ils ne se quittent plus depuis. Peau nacrée, regard brillant et chevelure soyeuse, Leïla Bekhti brille par les mots et en photos pour le magazine Psychologies, dont elle fait la couverture.
J'en voudrais trois.
Avec Tahar Rahim, lauréat de deux César, Leïla Bekhti a trouvé sa moitié : "J'aime vivre avec un homme dont j'admire autant le coeur que le talent. Bien sûr, parfois on se dispute, comme tous les couples, pour des trucs nuls ! Mais tant mieux ! C'est la preuve qu'on a passé ce cap où les disputes fragilisent. Moi, dans la vie, je ne prévois rien et je ne suis sûre de rien. Pourtant, je sais que cet homme-là sera le père de mes enfants." Elle tiendra à préciser qu'elle n'est pas enceinte : "Non ! Tu vois comme je fume ? Le pauvre bébé serait déjà étouffé." Mais fonder une famille est une idée qui la rend heureuse : "J'en voudrais trois, moi aussi, parce qu'on est trois chez moi. J'ai tellement hâte ! Hâte de partager et de transmettre tout ce que l'on m'a transmis. Mais ça ne va pas être simple : mes parents ont mis la barre tellement haut !"
Sa famille, Leïla Bekhti ne tarit pas d'éloges à son sujet. Elle a grandi à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine), d'un père chauffeur de taxi et d'une mère travaillant à l'Assedic. Elle a un frère et une soeur : "Il paraît qu'il se détestaient quand ils étaient petits. Mais quand je suis née, ils avaient 6 et 7 ans, ils ont pris soin de moi et m'ont tellement appris. S'ils sont très différents, ils ont en commun d'avoir un coeur immense."
J'ai toujours vécu ma double culture comme une chance.
Au sein de sa famille, Leïla Bekhti a vécu une belle enfance, même si tout n'était pas simple. Sa grand-mère, qui vivait en Algérie, est tombée très malade et a été soignée en France. Dans la maison, l'ambiance reste toutefois joyeuse, et sa mamie, qui avait un sacré tempérament, est un "rappel constant de ses origines algériennes". A propos de ses racines, la comédienne propose une réflexion intéressante : "J'ai toujours vécu ma double culture comme une chance. (...) Je ne me suis jamais sentie coupée de l'une. J'ai remarqué que ceux qui se sentent tiraillés sont souvent ceux qui n'ont pas eu la chance de connaître leur pays d'origine." Ne faites pas d'elle un porte-drapeau pour autant, elle a suffisamment souffert qu'on lui propose des rôles de "beurette de service" et estime que ce n'est pas son métier de parler de ces questions de société. Parler de religion lui est difficile aussi : "D'abord parce que la religion est, à mes yeux, ce qu'il y a de plus intime. Ensuite parce que, aujourd'hui, il y a tant d'amalgames..." Un état d'esprit qui rappelle celui d'Omar Sy, un de ses amis, d'ailleurs.
On retrouvera l'actrice dans Nous trois ou rien de Kheiron (révélé par la série Bref.). Il y raconte le destin hors du commun de ses parents, les Iraniens Hibat et Fereshteh, quittant leur pays pour les cités parisiennes, éternels optimistes, dans une comédie aux airs de conte universel qui évoque l'amour familial, le don de soi et surtout l'idéal d'un vivre-ensemble (en salles le 4 novembre). Puis, elle tiendra le rôle principal d'une série policière suédoise coproduite par Canal+, Jour polaire.
Retrouvez l'intégralité de l'interview dans le magazine Psychologies du mois d'octobre 2015