

633, 634 et 635 : trois dossards pour un même nom. Dimanche 14 août 2016, les Estoniennes Leila, Liina et Lily Luik ont vécu leur rêve et marqué l'Histoire des Jeux olympiques, désormais dans les annales comme étant les premières triplées à participer non seulement ensemble à une compétition olympique, mais même tout simplement aux JO toutes disciplines confondues.
Engagées sur le marathon de ces olympiades brésiliennes par ailleurs riches en jumelles, les trois soeurs, qui se ressemblent effectivement comme... trois gouttes d'eau (même physionomie, même corpulence), ne nourrissaient guère d'espoir de podium, mais l'essentiel était ailleurs : "Merci au marathon des JO de Rio. De grandes émotions et des rêves x 3 se sont réalisés", ont-elles écrit sur leur compte Instagram (commun, évidemment) en légende d'une photo les montrant réunies sous le drapeau de leur pays, l'Estonie, à l'issue de l'épreuve. Une course que seules deux d'entre elles sont parvenues à terminer, Lily prenant la 97e place et Leila la 114e (à près de 20 minutes de son record personnel, établi en 2013 à Shanghai), loin de la Kényane Jemima Sumgong, tandis que Liina calait avant la ligne d'arrivée.
Venues au marathon il y a seulement six ans, les soeurs Luik, nées le 14 octobre 1985, avaient commencé à façonner leur projet de se qualifier toutes les trois pour les Jeux de Rio en 2014, lorsqu'elles avaient enfin pu courir ensemble un grand championnat (premières triplées à disputer ensemble les championnats d'Europe, à Zurich), ce dont elles avaient jusqu'alors été empêchées par diverses blessures. "C'est un miracle, jusqu'à maintenant il en manquait toujours une", avait ainsi confié Lily, à l'époque. Depuis, Lily et Liina avaient validé leur billet pour Rio, prenant part notamment au marathon des championnats du monde à Pékin en 2015, alors que Leila a dû patienter jusqu'à celui de Hambourg, en avril dernier, pour réaliser les minima, sous la houlette de leur coach Harry Lemberg, de l'Université de Tartu.
A bientôt 31 ans, il y a peu de chances qu'on voie les triplées estoniennes récidiver, mais ces expertes en danse hip-hop et maîtres-nageuses émérites ne manquent pas d'idées pour continuer à faire vivre leur belle trinité : "Nous rêvons d'une marque de produits de beauté ou peut-être d'un café accueillant, avouait déjà Lily avant les Jeux. Nous verrons, après Rio, quand ce sera plus calme. Nous devons réfléchir à comment exploiter le fait que nous sommes trois et comment cela pourra faire venir les gens à notre café. Nous sommes inséparables." Les championnes des allitérations en L et des assonances en I n'ont pas fini de faire parler d'elles.