Le nom de Leïla Slimani est sur toutes les lèvres. En novembre dernier, l'écrivaine de 35 ans décrochait le Prix Goncourt haut la main pour son deuxième ouvrage Chanson douce (éditions Gallimard), sorte de thriller qui raconte l'assassinat de deux enfants en bas âge par leur nounou. Elle est ainsi devenue la douzième femme seulement à avoir reçu la prestigieuse distinction.
Interrogée cette semaine dans les colonnes du magazine Elle, Leïla Slimani a volontiers accepté de revenir sur le triomphe de son roman, qui devrait d'ailleurs être prochainement adapté au cinéma comme elle le révélait au HuffPost en décembre. À la question de savoir ce "qu'avait changé le Prix Goncourt dans sa vie", elle a répliqué avec lucidité et humour. "Le regard qu'on a sur moi. Je me suis retrouvée nimbée d'une chose à l'aura et à l'odeur très particulières, qui s'appelle le succès, et qui attire irrésistiblement les gens. Mon livre n'est plus seulement un roman qui s'appelle Chanson douce, il est devenu 'le Goncourt' que les gens viennent acheter pour leur mère", confie-t-elle.
Mère de deux enfants et féministe revendiquée, Leïla Slimani est née à Rabat d'une mère franco-algérienne et d'un père marocain. Avec beaucoup de pudeur, elle évoque la place qu'avait la religion au sein des différentes générations de sa famille. "Chacun pratiquait de manière intime sa religion. Ma grand-mère était catholique et, en même temps, elle respectait l'islam, elle a même fait le pèlerinage à La Mecque. À Noël, mon grand-père musulman se déguisait en Père Noël, juché sur un âne. Et il jurait en arabe pour le faire avancer", glisse-t-elle.
Dans un registre plus grave, elle a également évoqué les nombreux attentats qui ont meurtri la France depuis quelques années. Au lendemain du 13 novembre, elle s'était d'ailleurs adressée aux terroristes dans la revue Le 1 pour leur dire "Intégristes, je vous hais". Avec le recul, elle admet que c'était prendre un certain "risque". "Car j'ai de la famille et des amis au Maroc, mais à ce moment-là, je pensais que c'était important de le dire. On n'est pas obligé d'être dans une allégeance de la culture d'où on vient. Je peux tout à fait être une bonne Marocaine et haïr les intégristes et la charia. Mais je peux aussi très bien ne pas être gauloise et être une bonne Française. La nationalité n'est pas un mérite, c'est un ensemble de valeurs et une inscription dans une histoire", conclut-elle.
Retrouvez l'intégralité de l'entretien de Leïla Slimani dans le magazine Elle en kiosques le 13 janvier 2017.