Plus de 33 ans après son décès brutal, à l'âge de 53 ans, survenu en septembre 1977 à son domicile du XVIe arrondissement parisien où elle a vécu ses ultimes années dans un terrible isolement, Maria Callas continue de fasciner, non pas seulement pour ses emblématiques accomplissements artistiques, mais également pour sa vie personnelle fascinante et son dénouement tragique.
Les circonstances exactes de sa mort, tout particulièrement, conservent un parfum de mystère : décédée d'un arrêt cardiaque, selon le rapport médical officiel, la présence de comprimés d'un hypnotique sur sa table de nuit et ses traitements connus aux barbituriques et aux excitants laissaient envisager la thèse d'une overdose médicamenteuse accidentelle, voire d'un suicide - par ailleurs, le cinéaste Franco Zeffirelli avança en 2004 l'hypothèse, étayée par la soeur de la Callas, d'un assassinat perpétré par la pianiste grecque Vasso Devetzi. Le spectre de la "trahison" dont elle avait été victime de la part de l'armateur Aristote Onassis planait depuis des années : elle était devenue la maîtresse en 1959, divorçant dans l'année même de son époux l'industriel Giovanni Baptista Meneghini (de trente ans son aîné) pour se dévouer à son amant, qui la quittera à la fin de la décennie pour épouser, en 1968, Jackie Kennedy, veuve du président assassiné John Fitzgerald Kennedy. L'histoire retient que, après un mariage de raison, sa passion pour Onassis fut son grand amour et qu'elle en fut inconsolable.
Deux médecins italiens spécialistes en orthophonie ont apporté une nouvelle explication à la mort de la cantatrice fameuse, avançant la thèse d'une maladie dégénérative qui a affecté ses cordes vocales, selon les résultats de leurs recherches avec l'université de Bologne présentés lundi et relayés par la presse transalpine. D'après ces investigations, la soprano était atteinte de dermatomyosite, une maladie qui affecte les muscles et les tissus en général, y compris ceux du larynx. L'AFP note que les deux experts "soulignent que cette maladie est traitée avec de la cortisone et des immunodépresseurs, ce qui peut entraîner à la longue une insuffisance cardiaque".
Cette version des faits est corroborée par les problèmes de voix que rencontra la Callas à la fin de sa carrière. "Les orthophonistes ont étudié avec des instruments ultra-modernes les enregistrements de la cantatrice dans les années 50, sa période la plus achevée, dans les années 60, quand elle commença à avoir des problèmes, et dans les années 70, marquées par une brusque perte de poids et l'altération de sa voix", indique l'AFP : "les dernières vidéos de la Callas qui montrent que les muscles ne répondaient plus car la cavité thoracique ne se gonflait pas quand elle respirait", soutient le quotidien La Stampa. Des révélations qui éludent, concernant le déclin de la voix de l'artiste, l'explication par le "surmenage" - comprendre : les rôles extrêmes qu'elle multiplia au sommet de sa carrière. Des révélations, aussi, qui font écho à certains épisodes douloureux des dernières apparitions publiques de la Callas (notamment sa tournée au Japon avec son dernier compagnon le ténor Giuseppe Di Stefano), mais aussi à des moments critiques comme ce 2 janvier 1958 où, après un premier acte catastrophique de La Norma à Rome en l'honneur du président italien de l'époque Giovanni Gronchi, la cantatrice s'éclipsa mystérieusement.
"Elle avait une trachéite, les muscles lâchaient. C'était le début de la fin", analysent les deux spécialistes italiens.