Le monde du tennis est sous le choc. La joueuse russe Maria Sharapova, 28 ans, a été contrôlée positive suite à un test antidopage dans le cadre de l'Open d'Australie 2016. On a décelé chez la superstar la présence d'un médicament, le meldonium, qu'elle dit prendre depuis dix ans pour contrer différents maux. Sauf que le produit est apparu en janvier 2016 sur la liste des produits prohibés et est au coeur de plusieurs affaires retentissantes.
Battue par Serena Williams en quart de finale de la compétition il y a quelques semaines, Sharapova a pris les devants en annonçant elle-même la nouvelle lors d'une conférence de presse où les spécialistes, suivant la cuisante défaite (elle qui n'a pas gagné un tournoi du Grand Chelem depuis deux ans et les Internationaux de France de Roland-Garros) et prenant en compte des blessures à répétition, pensaient qu'elle allait annoncer sa retraite. Mais l'ancienne numéro 1 mondiale, vêtue de noir, a annoncé qu'elle avait été considérée comme dopée aux yeux des instances dirigeantes du tennis. "J'ai reçu il y a quelques jours une lettre de la Fédération internationale de tennis m'informant que j'avais fait l'objet d'un contrôle antidopage positif lors de l'Open d'Australie", a-t-elle révélé. "Depuis dix ans, je prends un médicament sur prescription de mon médecin de famille (...), ce médicament n'était pas sur la liste des produits prohibés par l'Agence mondiale antidopage, mais le règlement a changé le 1er janvier dernier et ce médicament est devenu un produit interdit, ce que je ne savais pas", a-t-elle surenchéri, arguant l'ignorance. Devant les caméras et journalistes, la joueuse a expliqué que ce médicament lui était prescrit depuis 2006 pour "traiter des problèmes de santé récurrents tels que des grippes, un déficit en magnésium, une arythmie cardiaque et des cas de diabète" inhérents à sa famille.
Principalement utilisé dans la prévention des infarctus, le meldonium est classé parmi les hormones et modulateurs métaboliques (groupe S4) depuis le 1er janvier 2016. Émue et au bord des larmes, la star russe a clamé son amour pour le tennis, tout en affirmant que cet épisode ne marquerait pas la fin de sa carrière. "J'ai fait une énorme erreur, j'ai déçu mes supporters, j'ai laissé tomber mon sport, je sais que je m'expose à des conséquences, mais je ne veux pas finir ma carrière de cette façon et j'espère que je vais avoir la chance de rejouer", a-t-elle conclu. En attendant, Maria Sharapova a été "suspendue à titre provisoire à partir du 12 mars en attendant le déroulement de la procédure", a indiqué la Fédération internationale de tennis. Nike, principal sponsor de celle qui a été pendant des années la sportive la mieux payée au monde, a également rompu - au moins temporairement - ses relations avec son égérie. "Nous sommes attristés et surpris de la nouvelle à propos de Maria Sharapova. Nous avons décidé de suspendre notre partenariat avec Maria pendant que l'enquête suit son cours. Nous continuerons de suivre la situation", a indiqué Nike dans son communiqué. La célèbre marque payait jusqu'ici la championne plus de 30 millions par an. La marque suisse d'horlogerie Tag Heuer, avec qui la championne était en discussion pour renouveler leur partenariat arrivé à expiration au 31 décembre 2015, a également indiqué qu'elle ne donnerait pas suite.
L'annonce de Sharapova a provoqué un tollé, au point de faire réagir une ancienne icône des courts de tennis et ancienne N°1 mondiale, l'Américaine Jennifer Capriati. Cette dernière a critiqué avec virulence la Russe, arguant lundi sur les réseaux sociaux qu'elle devait "être dépossédée de ses titres, si tout cela était avéré". "Quel est l'intérêt pour quelqu'un de prendre un médicament pour le coeur qui aide à récupérer plus vite, à moins d'avoir un problème cardiaque ?", s'est interrogée Capriati, qui a remporté trois titres du Grand Chelem (Open d'Australie en 2001 et 2002, Roland-Garros 2001), contre cinq pour la joueuse incriminée. "Je n'ai jamais choisi de tricher, quoi qu'il me soit arrivé (...) Je n'avais pas une équipe de docteurs payés à prix d'or pour trouver une façon de contourner le règlement en attendant que la science les rattrape", a dénoncé celle qui avait mis en 2004 un terme définitif à une carrière perturbée par des tourments personnels.