Son visage et sa pancarte dénonçant la guerre en Ukraine sont désormais sur tous les réseaux sociaux depuis ce lundi 14 mars 2022, date durant laquelle elle a fait irruption sur le plateau du journal télévisé russe en direct, et pas n'importe lequel puisqu'il s'agit du plus regardé du pays, diffusé sur Pervy Kanal. Cette femme s'appelle Marina Ovsyannikova et elle a disparu depuis cet incident. Selon le Daily Mail, elle n'aurait plus de contact avec son avocat. Elle serait actuellement détenue dans un lieu secret, arrêtée par la police du ministère des affaires internes. Cette arrestation intervient alors que le Kremlin a banni Facebook, Instagram, Twitter ainsi que les médias occidentaux et les sites d'information indépendants.
Marina Ovsyannikova, 43 ans, a été arrêtée rapidement après avoir dénoncé le régime en place, à l'image des autres protestants qui ont manifesté en Russie leur désaccord avec le conflit que Vladimir Poutine a initié depuis le mois de février en Ukraine. Ses avocats ne savent désormais plus où elle se trouve et n'ont pas le droit de la contacter. Les autorités russes seraient actuellement en train de préparer un dossier sur cette employée et journaliste "dissidente" de cette chaîne, prévoyant une peine pouvant aller jusqu'à quinze ans de prison. En effet, le Kremlin vient de lancer une nouvelle loi depuis l'invasion en Ukraine pour punir "toute diffusion publique de fausse information". Les soutiens du controversé Poutine réclament son emprisonnement tout comme le directeur de l'antenne de la chaîne RT.
Productrice expérimentée au sein de la chaîne, Marina Ovsyannikova avait les autorisations pour se trouver sur le plateau du JT présentée par la star Ekaterina Andreeva. C'est pourquoi elle n'a pas été arrêtée par la sécurité quand elle est arrivée devant les caméras dans un premier temps. Elle a ainsi pu clamer à travers sa pancarte qu'elle était contre la guerre et qu'elle avait honte d'avoir participé à la désinformation en Russie, étant fille d'un père ukrainien et d'une mère russe.
Dans un premier temps, elle a été détenue trois heures dans une pièce de l'entreprise de télévision à Moscou où elle aurait été fortement intimidée. Un de ses avocats a déclaré : "Connaissant les actes de violence et de torture qui ont pu avoir lieu dans le commissariat de Brateyevo, district de Moscou, je suis très inquiet pour Marina. D'après la loi, elle ne peut être arrêtée car elle a deux jeunes enfants." Une cadre de la chaîne RT, Margarita Simonyan, très proche du pouvoir, a confié à propos de Marina Ovsyannikova qu'elle était l'ex-femme d'un des directeurs de RT : "Ils sont divorcés depuis longtemps et vivent des vies séparées. Très différentes manifestement."
Dans le message vidéo que Marina Ovsyannikova avait enregistré avant de faire son coup d'éclat et pour expliquer plus longuement son action, cette ancienne nageuse avait déclaré : "Ce qui se passe en Ukraine est un crime et la Russie est l'agresseur. Le responsable est Vladimir Poutine. Mon père est ukrainien, ma mère russe, ils n'ont jamais été ennemis. Malheureusement, durant mes dernières années de travail auprès de Pervy Kanal, j'ai participé à la propagande du Kremlin et j'en ai très honte. J'ai honte d'avoir laissé (...) le peuple russe devenir un zombie. (...) Le monde entier nous tourne le dos et les générations suivantes ne vont pas sortir de cette guerre fratricide."
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky l'a personnellement saluée pour son courage dans une vidéo Telegram : "Je suis reconnaissant de tous les Russes qui essaient de dire la vérité. Ceux qui se battent contre la désinformation. (...) Et je suis personnellement reconnaissant pour cette femme qui est entrée dans le studio du journal télévisé russe avec son poster contre la guerre."