Le Top 10 du tennis mondial, animé par deux ténors (Nadal, Federer), un poursuivant de plus en plus menaçant (Djokovic) et des outsiders valeureux (Murray, Ferrer, Berdych, etc.), pourrait compter dans ses rangs un champion made in Croatie : mais Mario Ancic, qui s'était invité en 2006, au zénith d'une carrière tuée dans l'oeuf, parmi les géants de la balle jaune, ne sera pas celui-là. A seulement 26 ans, l'ancien numéro 7 mondial vient de prendre une décision dramatique : il arrête le tennis.
En réalité, cet espoir déçu du tennis croate, actuellement représenté aux avant-postes par Ivan Ljubicic et Marin Cilic, est à l'arrêt depuis 2007 et une terrible mononucléose, maladie infectieuse communément nommée maladie du baiser ou des amoureux en raison de sa transmissibilité par la salive, et qui provoque des symptomes comparables aux symptomes grippaux, un état de fatigue intense, et entraîne une convalescence particulièrement longue - une maladie qui, après une fantastique saison 2006 pleine de promesses, a stoppé net son éclosion. Roger Federer, dont le début de saison 2008 avait pâti de ce trouble, s'en était remis. Mario Ancic, lui, a mis beaucoup plus de temps à revenir sur les courts, et, quand il l'a enfin pu, d'autres pépins, indéniablement liés à son inactivité forcée durant deux saisons, sont venus compliquer la donne.
Celui dont les surnoms précoces de Baby Goran (hérité de l'époque où il s'entraînait avec l'icône nationale Goran Ivanisevic, à qui il servit de ramasseur de balles en Coupe Davis puis avec qui il joua en double) et Super Mario (après son incroyable victoire en 2002 sur Roger Federer au premier tour de Wimbledon, devenu le jardin du Suisse l'année suivante) plaidaient pour un avenir brillant jette l'éponge : "Je ne supporte plus cette situation, ma carrière est donc terminée, a confié le jeune homme au journal croate Jutarnji List, rapporte lequipe.fr. La nature a décidé que le temps était venu pour moi d'arrêter. Mon dos ne peut plus supporter les efforts demandés par le tennis professionnel." Le sport de haut niveau étant ce qu'il est devenu, malheur aux organismes qui ne peuvent suivre le rythme et tenir le choc.
Echoué aux environs de la 500e place mondiale au moment de sa décision, Mario Ancic met fin à un long calvaire, tandis que s'évanouit définitivement l'ancienne promesse d'un tennis agressif, offensif, alléchant, athlétique (d'où, notamment, ses belles performances sur le gazon londonien, avec une demi-finale et quatre quarts). Le mot calvaire n'est pas trop fort, au vu des dernières saisons du Croate d'1m96 : après cette mononucléose qui le condamna à près de dix semaines d'alitement et six mois de convalescence, jamais les tenatatives de retour de l'ancien numéro un mondial junior, médaillé de bronze olympique en 2004, ne furent couronnées. En 2010, exception faite de deux tours franchis à Indian Wells, Mario Ancic écuma sans grand succès les tournois challengers.
Il se retire avec un bilan en simple de trois titres anecdotiques et une Coupe Davis remportée en 2005 avec Ivanisevic et Ljubicic.
Séparé de sa compagne de longue date Dolores depuis 2009, et diplômé en droit de l'Université de Split depuis 2008 avec une thèse portant sur l'ATP (il profita notamment de sa santé précaire, en 2009, pour jouer un rôle d'intervenant à Harvard), Mario Ancic a désormais, à 26 ans, une nouvelle vie à s'inventer.