

Après les larmes, les rires. Huit mois après l'attentat commis contre la rédaction de Charlie Hebdo, à Paris, l'esprit critique et poil à gratter du journal perdure grâce au retour à l'affiche de la pièce Je ne veux pas mourir idiot, du regretté Georges Wolinski. Lors de la représentation qui s'est tenue le vendredi 4 septembre 2015, on pouvait compter sur sa veuve Maryse et sa fille Elsa ainsi que des membres du journal satirique et du gouvernement.
Émue mais fière et amusée, Maryse Wolinski semble avoir passé une belle soirée alors qu'elle a plusieurs fois eu l'occasion d'évoquer sa douleur et sa détresse face à la solitude. "On était dans un dessin de Georges", a-t-elle d'ailleurs confié à l'issue de la représentation de cette pièce signée par son mari Wolinski et Claude Confortès, dans la foulée de mai 1968. Une pièce qui se voulait un témoignage sur les événements de l'époque, avec pour personnages une étudiante, un jeune ouvrier et un guitariste qui veulent faire la révolution, face à un policier et des réactionnaires. La pièce est ponctuée de chansons écrites par Evariste et Wolinski.
Autour de Maryse, sa fille Elsa (qui avait écrit la touchante lettre Papa, t'es là ?) et ses belles-filles Frederica et Natacha, mais aussi une partie de l'équipe de Charlie Hebdo, comme le directeur de le rédaction Riss, qui a succédé à Charb, tué dans l'attaque, et l'urgentiste Patrice Pelloux, qui collabore avec le journal. On a aussi pu noter la présence des ministres de la Culture, Fleur Pellerin, et de la Justice, Christiane Taubira. "On a retrouvé l'esprit Wolinski", a d'ailleurs confié cette dernière à l'AFP. "On retrouve tout de mon mari dans cette pièce, en particulier le fait qu'il donne de la place aux femmes. (...) Il va continuer à vivre", a ajouté Maryse Wolinski.
La représentation a été présentée avec un important dispositif de sécurité au Théâtre Dejazet alors que la pièce y sera donnée jusqu'au 26 septembre avant de partir en tournée. Elle est reprise avec les principaux protagonistes de l'époque. Claude Confortès assure de nouveau la mise en scène, avec Anne Bourgeois. Les comédiens qui jouaient autrefois les "jeunes", Georges Beller et Philippe Ogouz, sont désormais les "vieux réacs" de la pièce, qui est accompagnée d'une exposition des dessins de Wolinski.
Maryse Wolinski écrit aujourd'hui un livre relatant notamment sa "contre-enquête" sur l'attentat, qui sortira le 7 janvier 2016, jour anniversaire de la tuerie.
Thomas Montet