Après les critiques faites aux Américains à propos de leur absence très remarquée lors de la marche républicaine historique du dimanche 11 janvier 2015, qui avait réuni 4 millions de Français dans les rues et une soixantaine de chefs d'État, les dirigeants de haut rang se bousculent au portillon pour apporter leur solidarité à Paris à la suite du décès de douze personnes lors de l'attaque de la rédaction de Charlie Hebdo, d'un policière municipale et de quatre civils lors d'une prise d'otages dans un magasin casher. Le maire de New York, Bill de Blasio, a ainsi rendu un hommage appuyé aux victimes en compagnie de son homologue Anne Hidalgo et de Patrick Pelloux.
Succèdant au secrétaire d'État John Kerry, le maire démocrate de New York Bill de Blasio a donc à son tour effectué une visite éclair à Paris, mardi 20 janvier, afin de montrer la solidarité de sa ville avec la capitale française. L'homme politique s'est donc rendu devant les locaux de Charlie Hebdo, inondés de mots, de bouquets et autres dessins, pour déposer une gerbe de fleurs. À ses côtés, on pouvait voir la maire de Paris Anne Hidalgo (PS) ainsi que Patrick Pelloux, chroniqueur occasionnel du journal. Le médecin urgentiste est apparu toujours aussi éprouvé par les événements, d'autant plus qu'il a assisté récemment à plusieurs enterrements des membres de la rédaction. Le trio s'est également rendu quelques mètres plus loin, là où le policier Ahmed Merabet a été froidement abattu par les frères Kouachi.
L'émotion était palpable, comme Anne Hidalgo n'a d'ailleurs pas manqué de le souligner, en postant sur Facebook un message d'amitié à l'attention de Bill de Blasio.
La journée a aussi été marquée par un détour du côté du magasin casher de la porte de Vincennes, là où Amedy Coulibaly, un complice des frères Kouachi, a tué quatre otages le 9 janvier. "Voir où des gens ont perdu la vie en raison de ce qu'ils étaient et de ce qu'ils pensaient, parce qu'ils étaient juifs, parce qu'ils étaient attachés à leur foi ou parce qu'ils croyaient à la liberté de parole, nous rappellent que ces valeurs sont toujours menacées. C'est à nous de les protéger et de protéger toutes les communautés", a déclaré Bill de Blasio lors d'une rencontre avec la presse, place de la République. Et d'ajouter sur RTL, à propos de l'absence de représentants américains : "Peut-être qu'il y a eu un faux pas. Mais finalement, cet épisode aura servi à nous rapprocher."
Alors que Charlie Hebdo renaît de ses cendres et que le tirage du "numéro des survivants" atteindra finalement 7 millions de copies, un nouveau rédacteur en chef doit être nommé à la place de Charb, tué durant l'attentat. C'est le dessinateur Riss, blessé durant l'assaut, qui doit prendre le relais. "Il nous faut réinventer le journal. Il faut transformer cette épreuve en quelque chose de créatif. Ce n'est pas évident. Au journal, certains ont du mal à dépasser cela. (...) On va essayer, en tout cas", a-t-il déclaré. En revanche, hors de question de perdre ce qui fait l'identité du journal, c'est-à-dire l'humour et la satire. D'ailleurs, la couverture du numéro en kiosques, supposée représenter le prophète musulman, fait déjà des vagues : des manifestations, parfois violentes, se sont déclarées dans certains pays musulmans. Le prochain numéro paraîtra dans les semaines à venir.
Enfin, sur une note plus judiciaire, Anne Hidalgo a fait savoir qu'elle allait porter plainte contre la chaîne américaine Fox News, très marquée à droite, après la diffusion d'un reportage évoquant des zones de non-droit pour les non-musulmans dans la capitale. Très remontée, elle a d'ailleurs déclaré à CNN : "C'est un propos très choquant, stupide, ce n'est pas comme cela qu'on peut régler les problèmes." La maire de Paris a ajouté que des informations aussi fausses "port[ai]ent préjudice à [s]a ville, à son image et à son honneur". Fox News s'était excusée pour ce reportage mais visiblement, Anne Hidalgo ne compte pas en rester là.
Thomas Montet