Il y a une semaine jour pour jour, deux hommes pénétraient dans les locaux de Charlie Hebdo. Vidant les chargeurs de leurs Kalachnikov sur la rédaction du journal satirique, ils ont provoqué la mort de 12 personnes lors de cet attentat. Parmi eux, les dessinateurs emblématiques du journal, comme Georges Wolinski. Sa fille Elsa lui a écrit une lettre publiée dans Elle.
Depuis la mort de Georges Wolinski, sa veuve Maryse est, malgré sa douleur, sur le front des médias "pour défendre cette liberté d'expression" qui lui tenait à coeur. Leur fille Elsa - le dessinateur de presque 80 ans avait également deux filles issues de son mariage avec Jacqueline, décédée en 1966 d'un accident de voiture - prend elle aussi la parole pour porter haut les idées de son papa. Dans les colonnes de Elle, Elsa Wolinski lui écrit une lettre qui débute par "Papa, t'es là ?"
Non, il ne l'entend pas, Gorges, écrit sa fille qui se dit que la mort aura au moins un avantage pour cet athée convaincu : "Depuis que t'es mort, je me dis que tu dois enfin savoir si Dieu existe." Elle imagine son père au paradis, crayon à la main, avec des feuilles, une table et une lampe. De quoi dessiner "un double de maman", Maryse, incroyable de dignité dans ses sorties dans les médias, anisi qu'un lit pour sa sieste, parce que "c'est sacré, la sieste chez Wolinski".
"Tu sais, je dors dans ton lit, écrit encore Elsa Wolinski. C'est bizarre de me coucher à ta place. Mais je suis bien avec toi, là, dans tes draps." Depuis sa mort, elle lui explique que le téléphone n'arrête pas de sonner. "Et je dois m'occuper de maman. Tu sais, elle s'en sort bien. Elle est très belle, comme à son habitude", peut-on lire. Ses deux soeurs l'ont rejointe pour traverser ce drame en famille. Drame qui les a conduites au 36 quai des Orfèvres pour récupérer ses affaires, "aux pompes funèbres, pour te choisir une urne et un bout de terrain", l'urne se révélant être "plus difficile à choisir qu'une paire de chaussures Prada".
"Papa, je me pose la question. Est-ce que tu as souffert ?", ne peut s'empêcher de demander Elsa Wolinski dans sa lettre, une idée qui "l'angoisse", elle qui écrit deux fois "j'ai peur que t'aies eu mal". Et de poursuivre : "T'es beau tu sais, avec ce drap blanc qui t'enveloppe. T'as même l'air heureux. J'ose pas trop m'approcher, tu m'en veux pas ?" Elle l'aurait bien embrassé, mais elle "n'y arrive pas". Elle souhaite "l'empailler", mais on lui a "dit que c'était pas possible".
Et la maman de deux filles de conclure : "Pour dehors, Wolinski est vivant. Mais, pour moi, t'es plus là. Elsa a perdu son papa."
La lettre d'Elsa Wolinski est à retrouver dans le Elle du 16 janvier 2015