Le temps d'une pièce de théâtre, Georges Wolinski revit, huit mois après le terrible massacre de Charlie Hebdo, dans lequel il a péri. Sa veuve, Maryse, se dit touchée par cette forme d'hommage, elle qui vit entourrée du souvenir de son homme et qui s'apprête à sortir un livre sur ce drame.
Au micro de RTL et de Marc-Olivier Fogiel, Maryse Wolinski présente Je ne veux pas mourir idiot au théâtre Dejazet, de son époux Georges. "Un hommage assez extraordinaire" pour cette femme qui avait rencontré le dessinateur en 1968, la première année où s'est jouée cette pièce de théâtre. "Quand j'ai assisté à la première représentation, en entendant la chanson Je ne veux pas mourir idiot, j'ai eu les larmes aux yeux", confie-t-elle à Marc-Olivier Fogiel.
Pour elle, cet hommage voulu par le directeur du théâtre, Jean Bouquin, lui permet de faire vivre encore et toujours la mémoire de Georges Wolinski, mort lâchement assassiné par deux fanatiques dans l'attentat qui a ensanglanté la rédaction de Charlie Hebdo le 7 janvier dernier. "Je suis obligé d'y penser tout le temps, parce que je me sens tellement seule, poursuit Maryse Wolinski. Je suis face à la vraie vie, parce que Georges me protégeait beaucoup et j'avais une vie facile, gaie... J'ai eu beaucoup de chance pendant 47 ans et tout d'un coup je suis confrontée à un tas d'emmerdes, il n'y a pas d'autre mot. C'est dur, d'être seule dans mon appartement. Je me souviens un jour lui avoir dit tu vois, quand on est mort, on n'est plus qu'une photo. Et là, maintenant, je suis entourée de photos."
Je me sens tellement seule
Depuis la disparition de son époux, Maryse Wolinski n'a rien touché dans l'appartement qu'elle occupait avec Georges, un appartement tapissé de petits mots rédigés sur des post-it laissés par ce dernier qu'elle devra pourtant quitter à la demande du propriétaire. "J'avais toujours un avenir avec Georges (...) mais l'avenir est de l'inconnu et l'inconnu me fragilise, explique Maryse Wolinski. Je ne sais pas du tout où je vais habiter. Il va falloir ranger les affaires de Georges... Je n'ai touché à rien. Tout est resté intact dans sa salle de bain, intact dans sa chambre, son pull-over sur le fauteuil... Je n'ai touché à rien du tout."
Et la veuve du dessinateur d'en dévoiler un peu plus sur le livre qu'elle sortira le 7 janvier 2016, un an jour pour jour après l'attentat. Un ouvrage en forme de contre-enquête qui se voudra également un témoignage de sa vie sans son Georges. Car au-delà des faits connus, Maryse Wolinski soulève de nombreuses interrogations. "J'ai eu plusieurs phases, une phase de sidération, une phase de déni, et puis ensuite j'ai eu une phase de colère donc je me suis dit, il faut que je fasse une contre-enquête, pourquoi une scène de guerre a eu lieu dans les bureaux d'un journal satirique", raconte-t-elle à Marc-Olivier Fogiel et ses auditeurs.
"Pourquoi (...), alors que la standardiste recevait de très nombreux appels de menaces, pourquoi il n'y avait plus de fourgonnette de police, le journal n'était plus du tout gardé ? Charb avait son garde du corps, mais qu'est-ce qu'il pouvait faire ? D'ailleurs, j'ai interviewé des policiers et la question est quand même de savoir (...), les policiers face aux kalachnikovs de ces extrémistes (...), qu'est-ce qu'ils peuvent faire? Je me pose la question", poursuit-elle.
Maryse Wolinski au micro de Marc-Olivier Fogiel, un entretien à retrouver dans son intégralité sur le site de la radio RTL.