Alors que son dernier film L'Ordre et la morale déclenche de vives polémiques, notamment depuis qu'il a été censuré en Nouvelle-Calédonie, Mathieu Kassovitz doit être plus enragé que jamais.
Connu pour son franc-parler, il n'hésite vraisemblement jamais à dire haut et fort ce qu'il pense, quitte à se mettre bon nombre de personnes à dos. Dans une interview donnée au magazine FHM, l'acteur et réalisateur empoigne avec plaisir les perches lancées par le journaliste pour révéler quelques détails croustillants.
Notamment la déception de n'avoir eu aucun support de l'armée française sur L'Ordre et la morale : "On est allés voir les militaires et même le président pour leur dire 'Si vous nous prêtez un peu de matériel, c'est très importants pour les Kanaks, et ça ouvre la discussion'. Et si je reviens en leur disant : l'armée ne nous aide pas, Nicolas Sarkozy n'en a rien à foutre, ils vont dire 'Ok, d'accord, on en est au même point qu'avant." Une belle ironie lorsque l'on sait que le film est accusé de vouloir créer une nouvelle crise alors que les cicatrices de la tragédie se referment à peine.
"Donc ils ne nous ont pas aidés, par contre, ils ont aidé au tournage de Forces Spéciales. Ils ont détourné des porte-avions atomiques pour qu'ils soient filmés, et ils ont eu toutes les aides possibles sur un film qui défend la présence de la France en Afghanistan, avec une histoire romantique de sauvetage de top model. C'est pas très sérieux et pas très intelligent." Il s'agit en l'occurence de Diane Kruger qui joue une jolie journaliste kidnappée par les talibans.
Pour Kassovitz, tout est affaire de morale, de concessions et de choix : "Soit tu t'écartes du système, soit tu restes dedans et, si tu ne te bats pas contre, tu collabores. Moi, par exemple, ça rendait ma mère folle quand je disais ça, mes grands-parents n'ont été ni résistants ni collabos. Il ont survécu à la Seconde Guerre mondiale en faisant le minimum de bruit possible. Malheureusement, je suis obligé de considérer qu'ils étaient collaborateurs, parce que si tu ne te bats pas contre ce qui va à l'inverse de ta morale, tu collabores."
L'occasion est parfaite pour relancer le réalisateur sur le sujet de Babylon A.D. la superproduction américaine avec Vin Diesel qu'il a ensuite quasi-renié. Alors, Kassovitz rebelle ou collabo à Hollywood ? "J'assume, sauf que là où je n'assume pas, c'est pour aller défendre ce film-là devant les média. Donc je suis parti de la Fox en leur disant 'Je vous emmerde', pour être sûr qu'ils ne me rappellent pas. Et si des Américains le font, ils seront au courant de la façon dont j'accepterai de travailler."
Il en profite même pour répondre sans détour au journaliste qui l'interroge sur Vin Diesel, une des plus grosses figures du cinéma d'action américain depuis Fast & Furious : "Je ne sais pas s'il a fait son coming out ou s'il est encore dans la négation de son homosexualité. Mais je serais curieux de le savoir ! Pose-lui la question quand tu le verras."
Après L'Ordre et la morale, en salles le 16 novembre : le combat entre le colosse Diesel et Mathieu Kassovitz.