En se lançant dans un film portant sur le drame de la grotte d'Ouvéa qui s'est produit en Nouvelle-Calédonie en 1988, L'Ordre et la morale, le réalisateur et acteur Mathieu Kassovitz s'est mis face à des situations difficiles. Un député UMP Pierre Frogier, s'est d'ailleurs rapidement insurgé contre ce tournage et contre l'aide apportée par Papeete, capitale de l'Archipel de la Polynésie, au réalisateur de La Haine. Il évoquait d'ailleurs des "réticences fortes de la population et notamment des habitants d'Ouvéa".
Face à cette situation, le cinéaste Mathieu Kassovitz n'a pu tourner en Nouvelle-Calédonie et a commencé le 29 août à Anaa, atoll isolé de la Polynésie française, le tournage de son oeuvre. Cependant, des obstacles restent toujours présents : "C'est le film le plus compliqué que nous ayons eu à faire", a expliqué au Film français le producteur Christophe Rossignon. "Mais nous ne sommes le bras armé de personne. On ne fait pas un film politique. Mais le cinéma mondial s'est fâché avec l'Histoire contemporaine". Il précise, concernant le député UMP en colère, que "Pierre Frogier fait des amalgames et des raccourcis", a commenté auprès de l'AFP le producteur du film Christophe Rossignon. Pour lui, il est faux de dire que la population d'Ouvéa est contre le film. "Les coutumiers, la grande chefferie, la mairie d'Ouvéa nous disent le contraire."
Film historique comportant des scènes d'actions puisqu'il s'agit de la prise d'otage de trente gendarmes par des Kanaks en Nouvelle-Calédonie à la fin des années 80, ce long métrage nécessite une reconstitution des biens des forces armées françaises. La production a dû néanmoins trouver des solutions pour obtenir du matériel militaire puisque l'armée a refusé de prêter quoi que ce soit. Ainsi, le cinéaste s'est retranché sur des appareils... en bois ! Dans sa vidéo qui nous fait suivre le tournage, il souhaite montrer comment se déroule son film. Habitué des productions délicates et polémiques comme La Haine ou Assassin(s), il estime que L'Ordre et la morale est certainement son plus gros film, "impressionnant par les moyens et le sujet, sa dimension politique, sociale et cinématographique".
Le réalisateur, aussi scénariste et acteur, interprètera l'un des principaux personnages, aux côtés de Sylvie Testud et Malik Zidi. Le budget global de la production est estimé à 14 millions d'euros, dont plus de la moitié dépensés en Polynésie française et la sortie du film est prévue pour le prochain festival de Cannes.