Réactualisation du 9 avril 07h50 : L'avocat de Ian Bailey a fait savoir que son client était "perplexe" sur l'émission de ce mandat d'arrêt européen, et qu'il avait appris son existence par les médias. Il a déclaré que son client se trouvait actuellement en Irlande et qu'il n'avait pas été approché par la police à ce jour. Ian Bailey dispose néanmoins de nombreuses voies de recours et devrait saisir la Hight Court irlandaise pour empêcher son extradition.
Il y a deux ans, la justice française réouvrait le dossier sur la mort tragique et non résolue de la productrice de télévision Sophie Toscan du Plantier - femme du producteur de cinéma et ancien patron de la Gaumont Daniel Toscan du Plantier aujourd'hui décédé -, qui avait été assassinée dans la nuit du 23 décembre 1996, dans sa propriété de Schull, en Irlande.
La jeune femme, âgée de 39 ans au moment des faits, avait été retrouvée en tenue de nuit dans son jardin, défigurée et le corps meurtri par une quarantaine de blessures causées par son assassin qui s'était acharné sur elle avec une machette et un bloc de ciment. Il es ressorti de l'enquête que son agresseur avait frappé la nuit à la porte de sa cuisine et qu'elle avait ouvert sans méfiance, accréditant le fait qu'elle connaissait forcément son assassin.
Après une enquête classée sans suite par la justice irlandaise (le suspect n°1, le journaliste britannique Ian Bailey, n'avait jamais pu être réellement mis en cause dans cette affaire et l'enquête n'avait jamais abouti, faute de preuves) et près d'une douzaine d'années après le drame, le juge d'instruction français Patrick Gachon avait ordonné en juin 2008 l'exhumation du corps de la victime pour l'autopsier à nouveau et tenter de retrouver sur la dépouille des traces d'ADN de son éventuel assassin.
Malheureusement, le résultat de cette nouvelle autopsie n'avait rien apporté de nouveau au dossier. Cependant, ce rebondissement avait permis au juge en charge de l'enquête française d'étendre ses recherches quant à un éventuel faux témoignage, mis en lumière par une plainte déposée par les malheureux parents de Sophie Toscan du Plantier. Cette plainte contre X pour "subornation de témoin et faux témoignage" visait les deux acteurs clefs de ce dossier - le journaliste indépendant Ian Bailey, longtemps considéré comme le suspect numéro 1, et Marie Farrel, qui avait dans un premier temps déclaré avoir vu, la nuit du meurtre, vers 3h du matin, Ian Bailey rôder à proximité de la propriété de la victime, avant de se rétracter sous les pressions et les menaces de ce dernier. Menaces qu'elle avait clairement décrites devant les caméras de télévision. Elle avait ensuite déclaré avoir subi d'autres pressions de la part de la police pour accuser Bailey.
Le juge Gachon - qui s'est depuis déplacé en Irlande pour voir certaines pièces à convition qui ne pouvaient pas lui être envoyées, comme le bloc de béton qui aurait achevé la victime - attendait depuis de recevoir le dossier de la police irlandaise et de le faire traduire afin de convoquer enfin ces deux fameux témoins et de les entendre.
Cette affaire semble peut-être sur la voie de la résolution, puisque le juge Patrick Gachon a émis le 19 février dernier un mandat d'arrêt international contre le journaliste Ian Bailey, nous apprend l'AFP. D'autant que le 9 mars, la justice irlandaise accusait réception de ce mandat d'arrêt et devrait rapidement mettre la main sur l'individu.
L'un des avocats de la famille de la victime - Maître Alain Spilliaert - a ainsi déclaré : "C'est une étape importante, même si Bailey dispose de nombreuses voies de recours et va sans doute saisir la High Court irlandaise"..
Soupçonné depuis le début de l'enquête, Ian Bailey, journaliste pigiste pour plusieurs journaux irlandais, avait été entendu deux fois par la police irlandaise et même placé en garde à vue pendant 24h, sans pouvoir cependant être inculpé, faute de preuves. Mieux, sa compagne lui avait fourni un alibi.
Cette affaire sordide, vieille de près de quinze ans, va peut-être prochainement connaître son dénouement, et amenuiser enfin la douleur des parents de la victime - Georges et Marguerite Bouniol.
Nous ne manquerons pas de vous tenir informés de la suite de cette enquête...
Adam Ikx