Le 6 mai 2014, la femme d'affaires Hélène Pastor, héritière des bâtisseurs du Rocher, est assassinée alors qu'elle vient de rendre visite à son fils Gildo à l'hôpital. Cette figure de Monaco très connue et appréciée est criblée de balles. Son chauffeur Mohamed Darwich succombe le 10 mai, elle meurt le 21. Lundi 17 septembre s'ouvre à la cour d'assises à Aix-en-Provence le procès de dix personnes soupçonnées d'être impliquées dans cet assassinat, dont le propre gendre d'Hélène Pastor, le compagnon de sa fille Sylvia Pastor, Wojciech Janowski. Avant ce rendez-vous très attendu avec la justice, Gildo Pallanca-Pastor s'exprime longuement dans les pages du Parisien – deux ans et demi après avoir fait part dans Nice-Matin de son impatience de voir ce procès se tenir. Le fils de la milliardaire évoque sa quête de vérité, ses interrogations et les derniers instants qu'il a partagés avec sa mère.
Elle est morte en ignorant que le diable était assis à notre table
Au printemps 2014, Gildo Pallanca est hospitalisé après un double AVC. Aujourd'hui, il est installé avec sa famille à New York. PDG de Venturi Automibles (conception de véhicules de courses électriques), il se consacre à sa passion pour la course et toujours à sa rééducation. Le jour du meurtre de sa mère, il se souvient de la panique dans l'hôpital, de son immense inquiétude bien sûr et de l'état dans lequel il a enfin pu retrouver sa mère après l'attaque : "Je l'ai revue deux fois. Elle avait tout le haut du corps déchiqueté, des tubes partout mais elle parlait... Elle m'a demandé comment j'allais. Elle avait une attitude hyperdouce. Elle m'a parlé de moi, de l'amour. (...) Elle est morte en ignorant que le diable était assis à notre table."
Interrogé comme le reste de l'entourage par la police, Gildo Pallanca évoque une piste, "une hypothèse parmi d'autres", celle de son beau-frère Wojciech Janowski : tout bascule avec ses aveux, mais il se rétractera assez vite. "Ce n'est que lorsque ma soeur Sylvia est venue me voir, en pleurs, pour me raconter que Wojciech lui avait avoué lors d'une entrevue au commissariat avoir tué notre mère que ma conviction s'est forgée." C'est un coup de massue pour toute la famille. Ça l'aurait été également pour Hélène Pastor si elle avait su, car si elle sollicité un détective privé pour enquêter sur son gendre, des enquêtes dont elle discutait après avec sa fille, elle "l'aimait bien". Et Gildo Pallanca aussi : "J'avais un regard amical. Il aimait ma soeur, ma soeur l'aimait. On se voyait aux fêtes de famille... J'ai lu depuis presque tout le dossier. La haine qu'il portait à ma mère n'était pas soupçonnable. Nous savions, oui, qu'il était un peu mythomane, qu'il avait tendance à enjoliver la situation de ses affaires (...) Pour moi, il a vendu son âme au diable."
Sylvia Pastor, qui n'a jamais parlé à la presse, sera présente au procès. Son frère a mis entre parenthèses sa vie new-yorkaise pour être en France pendant les cinq prochaines semaines. Il veut des réponses. Il attend la vérité de la bouche de son beau-frère et, dans la mesure du possible, un mobile. Hélène Pastor versait chaque mois d'importantes sommes d'argent à ses enfants – environ 9 millions par an chacun. L'enquête a révélé que Wojciech Janowski mettait la main sur 7 millions. Le coach sportif Pascal Dauriac, soupçonné d'avoir reçu 140 000 euros pour organiser cette exécution, a déclaré que Janowski avait également pour cible Gildo. L'intéressé ne se satisfait pas d'un mobile uniquement financier : "Le coach sportif de mon ex-beau-frère a dit que ma mère et moi étions visés, que Wojciech voulait nous tuer tous les deux, lors d'une fête sur un bateau... Je trouve cela surréaliste. (...) Lorsque quelqu'un s'accapare 7 millions d'euros par an et qu'il ne reste rien... Qu'y a-t-il derrière ? Le pouvoir ? La quête de reconnaissance ?"
C'est l'une des nombreuses réponses que les proches d'Hélène Pastor attendent de ce procès qui durera jusqu'au 19 octobre à la cour d'assises d'Aix-en-Provence.