Dix accusés sont renvoyés devant la cour d'assises pour le meurtre d'Hélène Pastor (77 ans) et son chauffeur, Mohamed Darwich, sur le parking de l'hôpital de Nice où la figure monégasque, héritière des bâtisseurs du Rocher à la fortune colossale, venait de rendre visite à son fils, Gildo, le 6 mai 2014. Le procès aux assises de tous ceux suspectés d'être impliqués dans l'assassinat d'Hélène Pastor se tiendra du 17 septembre au 19 octobre prochains. Le premier d'entre eux, le commanditaire présumé de cette exécution, n'est autre que le propre gendre d'Hélène Pastor, l'ancien consul honoraire de Pologne à Monaco Wojciech Janowski, compagnon de Sylvia Pastor. Il aurait offert 140 000 euros à son coach sportif Pascal Dauriac pour organiser le meurtre de sa belle-mère. Le coach a parlé. Janowski a d'abord avoué avant de se rétracter fermement. En attendant ce procès qui sera à coup sûr très suivi dans la principauté où les Pastor sont l'une des familles les plus emblématiques après les Grimaldi, Nice Matin publiait, samedi 16 juin, un témoignage inédit mais ô combien signifiant : celui de Patrick Boffa, détective privé, qui a enquêté sur Wojciech Janowski pendant vingt-quatre ans pour le compte d'Hélène Pastor.
Selon lui, l'héritière avait des doutes sur le profil de son gendre, elle voulait protéger sa fille et savait qu'il pouvait lui arriver quelque chose. Au lendemain de la fusillade, dossiers sous le bras, Boffa a été longuement entendu par la police judiciaire de Nice... Ce qu'il raconte, preuve à l'appui de son engagement auprès d'Hélène Pastor, fait froid dans le dos.
Patrick Boffa travaillait occasionnellement pour Hélène Pastor. En 1990, elle lui demande de vérifier les dires du nouveau compagnon de sa fille Sylvia qui serait diplômé de Cambridge par exemple. "Elle n'arrivait pas à cerner son gendre. Il se disait propriétaire de biens, grand businessman. Elle voulait en savoir plus, pour la protection de sa fille." Dans l'un de ses premiers rapports, le 27 juin 1990, le détective écrit : "Il semblerait qu'il [Wojciech Janowski] n'a d'autre occupation que de tuer le temps avec ses divers projets quasiment mythomanes." Plus tard, il découvre que "quasiment tout était faux" : diplômes, responsabilités, business, etc.
En 1995, Hélène Pastor tente de raisonner sa fille, sans succès. Pour ne pas la froisser, la perdre ou la rendre malheureuse, elle accepte de ne plus en dire un mot et arrête, officiellement du moins, d'enquêter sur son gendre. Mais son inquiétude grandit, tout comme ses soupçons. Bientôt la peur s'installe. "Hélène Pastor avait de gros problèmes de santé, des vertiges, la bouche sèche, raconte Patrick Boffa. Cela pouvait ressembler à des empoisonnements. Alors je l'emmenais régulièrement, à sa demande, dans des laboratoires afin d'effectuer des analyses. On n'a rien découvert."
Pour autant, Hélène Pastor "sentait qu'il allait faire quelque chose tôt ou tard". "Hélène m'avait dit, s'il lui arrivait quelque chose, de parler, de montrer ces rapports". C'est ce que Patrick Boffa a fait. Deux personnes ont perdu la vie et, avec elles, deux familles ont été brisées. Selon le coach sportif, témoin clé de cet affaire, Janowski comptait également s'en prendre à son beau-frère Gildo Pastor. Un an après la fusillade, le fils d'Hélène Pastor annonçait dans Nice-Matin qu'il suivrait "de près" ce procès aux assises qui "participerait nécessairement de [sa] reconstruction et de celle de [sa] famille". Sylvia Pastor, elle, n'a jamais trouvé le courage de parler.
Tous les protagonistes de ce dossier pénal sont présumés innocents jusqu'au jugement définitif de cette affaire.