L'affaire a secoué la principauté de Monaco. Le 6 mai 2014, l'héritière des bâtisseurs du Rocher, Hélène Pastor, était exécutée dans sa voiture alors qu'elle venait de rendre visite à son fils Gildo à l'hôpital de l'Archet, à Nice. Son chauffeur perdait lui aussi la vie dans ce guet-apens. Huit personnes sont mises en examen dans cette affaire, dont six pour assassinat ou complicité d'assassinat en bande organisée, rappelle Nice-Matin. En garde à vue, le gendre de la milliardaire, le Polonais Wojciech Janowski, compagnon de sa fille Sylvia, a avoué avoir commandité le double assassinat, avant de se rétracter fermement. Ses avocats tentent par tous les moyens de faire annuler cette garde à vue et donc de rendre nuls ses aveux - sans grand succès pour le moment.
Dans leur édition du 10 février, nos confrères de Nice-Matin résument la situation : "Les conditions de la garde à vue de Wojciech Janowski, dans les locaux de la police judicaire de Nice, étaient-elles conformes au droit ? L'ex-consul de Pologne à Monaco a-t-il été interrogé de manière loyale par les policiers de la brigade criminelle ? De nationalité polonaise, comprenait-il toutes les subtilités de la langue française ?" C'est évidemment non pour la défense. Mais la Cour de cassation a validé mardi la garde à vue du principal suspect, toujours emprisonné à Marseille, et a donc rejeté la demande de nullité d'une partie de la procédure. Pour l'heure, les aveux de Wojciech Janowski sont recevables, ce qui désole son nouvel avocat, le brillant Eric Dupond-Moretti : "Nous attendions qu'on respecte l'idée qu'un homme puisse bénéficier d'un interprète. Nous irons à Strasbourg, devant la Cour européenne des droits de l'Homme, défendre cette idée", déclare-t-il à Nice-Matin.
L'autre grand argument de la défense est celui de l'argent. "Quel était son intérêt alors que Mme Pastor lui versait 500 000 euros par mois ?", demande un autre de ses avocats. C'est pourtant bien l'argent qui serait le mobile de tous ceux qui sont impliqués dans ce double meurtre, affirme l'un des avocats de la famille Pastor. Un avis que partage la police judiciaire de Nice, selon qui Janowski avait malgré tout de gros problèmes de trésorerie : "Il risquait d'être condamné à payer 30 millions d'euros par la justice polonaise lors du rachat d'un raffinerie." Et d'ajouter : "Tout le monde à Monaco savait qu'Hélène Pastor n'aimait pas M. Janowski et lui vivait mal d'être une pièce rapportée."
Quel était son intérêt alors que Mme Pastor lui versait 500 000 euros par mois ?
Le juge d'instruction Christophe Perruaux a reconstitué, à partir d'images de vidéosurveillance, l'itinéraire du tueur et du guetteur - deux jeunes de cité - depuis Marseille jusqu'à Nice, où Hélène Pastor et son chauffeur ont été criblés de chevrotine. Quant à l'analyse de 3,5 millions d'appels téléphoniques, elle a révélé "d'étranges connexions entre le consul Janowski, Pascal Dauriac et des petits délinquants marseillais". Dauriac était le coach sportif du gendre d'Hélène Pastor. C'est à lui qu'il aurait demandé d'organiser le meurtre, moyennant 250 000 euros dont 50 000 euros en cadeaux, voyages et voitures, selon Nice-Matin. Il a toujours reconnu les faits et n'a jamais varié dans ses déclarations, depuis sa première heure de garde à vue. Il aurait même confié aux enquêteurs que Wojciech Janowski prévoyait également d'assassiner le fils d'Hélène, Gildo Pastor.
Au printemps dernier, un an après les faits, ce dernier brisait le silence dans les pages de Nice-Matin et Monaco-Matin. Gildo Pastor, consul général de Monaco aux États-Unis, 49 ans cette année, attend avec impatience le procès qui "participera nécessairement à [sa] reconstruction et à celle de [sa] famille". Il expliquait alors : "Le nom de ma famille est associé à un crime odieux... Ma famille est confrontée à une situation pénible, violente, éruptive. On ne sait jamais quelle sera la prochaine étape, ni comment elle va jaillir. C'est une forte pression et c'est très violent moralement."