Ce lundi 25 janvier, l'un des plus grands écrivains français a rejoint sa dernière demeure, au pied d'un arbre qu'il avait choisi pour y reposer pour l'éternité. Michel Tournier, auteur de Vendredi et les limbes du Pacifique et Le Roi des Aulnes, a été enterré en présence des siens.
Installé dans le petit village de Choisel depuis 1957, Michel Tournier a été inhumé à quelques encablures du presbytère qu'il occupait, au pied d'un arbre qu'il avait choisi de longue date pour y être enterré. Le célèbre écrivain est mort dans la soirée du 18 janvier dernier, à l'âge de 91 ans.
"Une vie toute concentrée sur l'écriture, la création. Il voulait écarter le péril de ne plus être lu. Telle était sa hantise", a rappelé son éditeur, Antoine Gallimard, lors d'un éloge funèbre, souligne l'AFP. Sa création l'aura conduit à deux coups de maître, Vendredi et les limbes du Pacifique - adapté pour la jeunesse avec Vendredi ou la vie sauvage - et Le Roi des Aulnes. Le premier, publié en 1967, obtenait le Grand Prix du roman de l'Académie française, marquant l'entrée fracassante de cet auteur dans le monde littéraire puisqu'il signait là son premier ouvrage. Le Roi des Aulnes (1970) devait lui aussi entrer dans la légende en étant le seul prix Goncourt désigné à l'unanimité - comme le rappelait l'ami de l'écrivain Bernard Pivot, soulignant un "exploit unique, à l'unanimité".
"Ça n'est pas toutes les années qu'on a la certitude de voir naître un grand écrivain", a expliqué le présentateur, ami de longue date de Michel Tournier, qui rendait hommage "à l'un des membres les plus actifs, les plus influents" de l'Académie Goncourt dont plusieurs membres étaient présents, à l'image de Didier Decoin et Paule Constant.
Son Nobel aura été d'avoir été lu par des millions d'enfants
Une académie qu'il avait préférée à l'Académie française, dont il avait décliné les sollicitations. La raison ? "Son maître, Émile Zola, s'était présenté 19 fois à l'Académie française, avait été recalé 19 fois : pour Tournier, refuser la Coupole, c'était venger Zola !", a ironisé Bernard Pivot, en évoquant "le rire" et "le sourire" du romancier. Antoine Gallimard a pour sa part estimé que "son Nobel aura été d'avoir été lu par des millions d'enfants, c'était sa grande fierté", notamment grâce à Vendredi ou la vie sauvage, rapport l'AFP.
Plusieurs figures de l'édition et du journalisme, dont Noëlle Châtelet ou Franz-Olivier Giesbert, étaient venues lui rendre un dernier hommage, tout comme des dizaines d'anonymes qui ont assisté aux obsèques, principalement des voisins de Choisel, le petit village de 500 habitants de la vallée de Chevreuse, où il habitait.
"Je t'ai adorée, tu me l'as rendu au centuple, merci la vie", peut-on désormais lire sur la tombe de Michel Tournier, épitaphe qu'il avait lui-même écrite depuis des années...