Jean d'Ormesson est mort d'une crise cardiaque dans la nuit du 4 au 5 décembre 2017. L'écrivain a rendu son dernier souffre à son domicile de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), comme l'a confirmé sa fille unique, l'éditrice Héloïse d'Ormesson. L'Académicien avait 92 ans.
Auteur de plus de quarante ouvrages – dont le tout dernier, Et moi, je vis toujours, paraîtra chez Gallimard début 2018 –, Jean d'Ormesson était souvent présenté comme l'écrivain du bonheur. Il était en tout cas un exemple de bonheur conjugal aux côtés de Françoise Beghin, son épouse depuis cinquante-cinq ans.
Avant de la rencontrer, Jean d'Ormesson ne fait la connaissance des femmes qu'à l'âge de 21 ans quand, après avoir suivi toute sa scolarité par correspondance, il est confronté pour la première fois à l'autre en intégrant hypokhâgne dans le prestigieux lycée Henri-IV. En avril 2015, alors que Gallimard vient de d'annoncer son entrée dans la collection La Pléiade, Jean d'Ormesson confie au magazine Gala s'être alors intéressé aux femmes "avec ardeur" : "À partir de là, ça a eu des conséquences désastreuses." L'écrivain confiait par ailleurs qu'il "aimait aussi les hommes". "J'ai souvent dormi avec des homosexuels, j'aime leur compagnie", disait-il avant de préciser : "Je suis un de leurs sympathisants." En amour, il a aussi connu celui interdit de l'adultère avec l'épouse de l'un de ses cousins. Un écart de conduite qu'il raconte dans Qu'ai-je donc fait, en 2008.
Rien ni personne n'égalera cependant le lien qu'il a tissé avec Françoise Beghin (79 ans), benjamine de l'industriel et homme d'affaires Ferdinand Beghin (du sucre Beghin-Say), qu'il épouse le 2 avril 1962. Quand il souffre d'un cancer de la vessie en 2013, elle est à ses côtés : "[Mon épouse] est merveilleuse, elle a été formidable pendant ma maladie, expliquait-il toujours dans Gala. Elle n'est jamais sur le devant de la scène et a toujours été d'une grande patience."
En 1956, dans son premier roman L'Amour est un plaisir, Jean d'Ormesson écrit : "C'est ça qui me fait peur dans le bonheur : l'usure, la lassitude, l'effilochage." Sans doute a-t-il gardé en tête cette frayeur quand il a épousé Françoise Beghin. Quant au mariage et au secret pour le faire durer, Jean d'Ormesson déclarait dans Gala, avec malice forcément, qu'il fallait s'armer de patience : "Le mariage, c'est quarante mauvaises années à passer, puis après, c'est épatant. La vie devient délicieuse à partir de 60 ans."
La recette du bonheur, Jean d'Ormesson en livrait sa version dans Le Figaro le 2 janvier 2015 : "Je crois que si je passe pour l'écrivain du bonheur, c'est parce que je pense qu'il faut être heureux en dépit de tout le reste."