Réalisateur du road trip culte Point Limite Zéro, le cinéaste et grand nom du cinéma d'exploitation Richard C. Sarafian est mort à Santa Monica, mercredi 18 septembre, à l'âge de 83 ans. Il se remettait, selon sa famille, d'une pneumonie. Il laisse de nombreux cinéphiles dans la tristesse, notamment un certain Quentin Tarantino, qui avait fait de lui l'un de ses modèles, en lui rendant hommage dans le film Boulevard de la mort, où il le citait au détour d'un dialogue ou dans le générique.
Incarnation de la liberté au cinéma, amoureux des grands espaces, Richard C. Sarafian est l'un de ces noms iconiques du Nouvel Hollywood, cette période qui débuta dans les années 1960 en marquant profondément le cinéma hollywoodien avec un plus grand pouvoir du réalisateur, des conventions bousculées, dont certains, comme Sarafian, s'affranchissaient. Symbole de ce Nouvel Hollywood, le film Point Limite Zéro, long métrage devenu culte, entre autres parce que Quentin Tarantino le cite dans ses films cultes, avant de lui rendre hommage dans Boulevard de la mort.
Dans ce road-movie, le défunt réalisateur dirige Barry Newman en antihéros dans la peau de Kowalski, un ex-flic vétéran du Vietnam et champion de stock-car. Ce dernier parie qu'il ralliera Denver à San Francisco en moins de quinze heures avec sa Dodge Challenger. Les policiers de Californie et du Nevada ne tardent pas à se lancer à sa poursuite... Auparavant, Sarafian s'était fait les dents au côté de son ami Robert Altman, avant de diriger quelques épisodes de séries vedettes des sixties, telles que Batman ou La Quatrième Dimension.
Solitaire, comme son personnage de Point Limite Zéro, Richard C. Sarafian réalisera près d'une douzaine de longs métrages, de qualité inégales et plus ou moins mémorables. Il dirigera par exemple John Huston et Richard Harris dans Le Convoi sauvage, Sean Connery en agent de la paix dans The Next Man ou bien Farrah Fawcett dans Coup de soleil, autant de films livrés dans les années 70. Sa carrière prend l'eau alors que le Nouvel Hollywood s'éteint après avoir fait évoluer le cinéma américain pendant une longue décennie.
Durant les années 1980, Richard C. Sarafian signe quelques productions totalement anonymes, sans réel casting ni budget, avant de finir sa carrière cinématographique avec un film catastrophe, Solar Crisis, où il dirige Charlton Heston.
Né un 28 avril 1930, fils d'immigrants arméniens, Richard C. Sarafian aura cultivé dès ses années d'étudiant cette image d'homme cassant les codes et conventions en ne les respectant jamais. Ainsi quitta-t-il très tôt l'université, qui lui servait plutôt de défouloir, lui qui s'y décrivait comme "un étudiant nul et ivrogne". Il avait ensuite servi pour l'armée en Corée du Nord avant de rencontrer Robert Altman. En plus de cette profonde histoire d'amitié entre eux, Sarafian jettera son dévolu sur la soeur de son ami, Helen Joan. Mariés à deux reprises, ils eurent cinq enfants. Elle meurt deux ans avant lui. Enfin, preuve que Richard C. Sarafian a eu une influence profonde sur ceux qui l'ont fréquenté, ses cinq enfants – Deran, Damon, Richard Jr., Tedi et Catherine – travaillent tous dans l'industrie du cinéma.
C.R.