C'est une page de l'Histoire qui se tourne avec elle. La grande écrivaine et cinéaste Nelly Kaplan a rejoint les étoiles le jeudi 12 novembre 2020. Ses proches ont confirmé cette triste nouvelle à l'AFP. Agée de 89 ans, elle avait accompagné son époux, l'acteur et producteur Claude Makowski à Genève, en Suisse, ville dans laquelle il est décédé au mois d'août de la maladie de Parkinson. Elle avait alors été prise en charge par une maison de repos dans laquelle elle a été infectée par le Covid-19... qui ne l'a pas épargnée.
Nelly Kaplan avait bousculé les grandes lignes du septième art en réalisant le cultissime La Fiancée du Pirate, en 1969. Un premier long-métrage à l'humour noir de geai dans lequel Bernadette Lafont, divine, était bercée d'une folle soif de vengeance. Mais il serait impossible de ne résumer sa carrière qu'à un seul projet. Amoureuse de cinéma, icône de la Nouvelle Vague, elle raffolait de cette place, située à l'arrière des caméras. Elle avait longuement travaillé auprès d'Abel Gance pour la mériter. Près d'une décennie. Mais elle était aussi une auteure aux convictions fortes, que l'on qualifiait déjà très tôt de féministe... avec une légère tendance à l'audace.
Poète dans l'âme, elle avait gravité dans les univers de Philippe Soupault ou André Breton. Mais c'est l'érotisme qu'elle aimait décrire de sa plume. Censurée, elle avait signé La Reine des Sabbats et Le Réservoir des sens du pseudonyme Belen. Ses Mémoires d'une liseuse de draps, en 1974, avaient été interdits de diffusion. Et pourtant, le nom de Nelly Kaplan avait fini par retrouver du galon. Jacques Chirac, lui-même, lui avait remis les insignes de Chevalier de l'ordre national du mérite à l'Elysée, en 1996, pour l'ensemble de son oeuvre littéraire et cinématographique. Depuis des années, malheureusement, l'auteure ne remplissait plus le vide de ses carnets de notes, sa dernière publication datant de 2008. Il faudra désormais regarder là-haut pour décrypter la suite de ses aventures.