Rayonnant lors du premier tour des apparitions régionales le week-end dernier, dont il a profité pour tordre le cou aux rumeurs sur sa vie conjugale en apparaissant main dans la main et tout sourire au bureau de vote avec sa Carlita, Nicolas Sarkozy est sous pression.
Le président de la République a multiplié, depuis la confirmation par les urnes de la vague rose annoncée et du désintérêt global cristallisé par l'abstention, ses entretiens avec son lieutenant Jean-François Copé, meneur du groupe UMP. Lors du dernier conseil des ministres, le chef de l'Etat a sobrement encouragé ses effectifs, les enjoignant d'être sur le terrain et de continuer à se battre. Mais, s'il avait asséné, en prévision du premier tour, "élections régionales, conséquences régionales", une déconvenue trop indigeste serait synonyme de nécessaire "adaptation" au niveau national - ne pas tenir compte d'un tel camouflet serait une provocation. Et les observateurs politiques de se pencher, déjà, sur un éventuel remaniement ministériel qui, de toute manière, ne saurait suffire à atténuer les tensions à l'égard d'un président arrivé à son plus bas taux de confiance (36%).
Ce jeudi, Nicolas Sarkozy avait l'opportunité de faire le plein d'ondes positives, et il l'a saisie. Contre toute attente, il assistera à l'intronisation - l'immortalisation, même - de Simone Veil à l'Académie française. Elle sera seulement la sixième femme de l'histoire de l'institution à porter le fameux habit vert, 30 ans après que Marguerite Yourcenar (décédée en 1987) eut ouvert la voie. C'est l'incontournable Jean d'Ormesson qui assurera sa réception, prononçant le traditionnel discours. Le 16 mars 2010, Simone Veil s'était vu remettre son épée d'immortelle par Jacques Chirac, sur laquelle elle avait fait graver "Birkenau" ainsi que "78651", un numéro de matricule qui est un souvenir indélébile de son passage par le camp de concentration d'Auschwitz-Birkenau (arrêtée en mars 1944, Simone Jacob - son vrai nom- - avait été déportée, avec sa mère - qui décèdera du typhus - et sa soeur Madeleine, à Drancy puis Birkenau, tandis que son père et son frère disparaissaient à jamais en Lituanie).
Nicolas Sarkozy avait initialement prévenu de son absence lors de ce grand moment, tandis que François Fillon, Valéry Giscard d'Estaing et Jacques Chirac avaient quant à eux confirmé. Si un communiqué de l'Elysée mentionnait pour excuse des "contraintes" dans l'emploi du temps du chef de l'Etat, les "confidentiels" du Figaro livraient aujourd'hui une autre version : le président aurait été "froissé" par les critiques de l'ex-ministre qui fut un de ses fidèles soutiens en 2007 - Simone Veil, femme préférée des Français, avait manifesté sa désapprobation après la nomination de trois hommes au Conseil Constitutionnel, dont elle fut membre durant 9 ans, où ne siège désormais qu'une personnalité féminine.
Vexé que le pot aux roses de sa rancune ait été dévoilé ou simplement désireux de voir la réception de son amie - qu'il avait élevée au rang de Grand Officier dans l'ordre de la Légion d'honneur avec émotion en avril 2009 - sous la Coupole au point de se libérer à la dernière minute, Nicolas Sarkozy vient finalement de faire savoir qu'il assisterait à la cérémonie ! En ces temps hostiles, mieux vaut soigner ses soutiens potentiels...
G.J.